mercredi 3 août 2011

Takayama et Kanazawa

Après ces trois premiers jours à Tokyo, nous quittons la capitale direction Takayama, petite ville de 93 000 habitants, située dans les Alpes japonaises (non, c'est pas une blague, ça existe bel et bien les Alpes japonaises!).
Pour cela, nous prenons un bus de nuit qui a le double avantage de nous faire économiser du temps et de l'argent (car pendant ce temps là, nous ne payons pas l'hôtel...). En revanche, nous arrivons au petit matin, un peu vaseux et fatigués par une nuit chaotique : en effet, pas de chance, sur les 4 places attribuées, deux sont des fauteuils quasi non inclinables car situés devant le bloc WC (nous les refilons aux enfants qui, c'est bien connu, dorment partout, ce qui est loin d'être notre cas à nous, parents indignes....) et pour couronner le tout,le bus n'a pas jugé bon d'éteindre les lumières avant minuit et les a rallumées à 3h du matin...
Nous attendons une heure décente pour nous présenter à l'hôtel en petit déjeunant sur un banc de la gare routière (désormais nous n'avons plus honte de rien!) et à 7h tapante, arrivons en vue du temple Zenkoji. Ce temple bouddhiste propose en effet des logements à prix raisonnables (pour le Japon....)  et nous avons réussi à y réserver une chambre. 
C'est un petit temple charmant, en pleine ville, et qui possède, sous son autel, une sorte de labyrinthe sacré étonnant, le Kaidan Meguri . Pour lire la présentation du temple et du Kaidan Meguri, cliquez sur le lien : site temple Zenkoji Takayama
En plus, surprise, la chambre, de style japonais, est grande,avec une pièce attenante spacieuse:
Des futons douillets nous tendent les bras...
Nous sommes enchantés par notre nouveau logement et partons à la découverte de la ville.
Petit détour par le marché aux légumes irradiés (toujours pas d'effets secondaires suite à l'absorption massive des champignons de l'autre soir...)
Du coup, nous décidons de varier les plaisirs en achetant de magnifiques grosses pêches (hum, ce petit goût subtil d'iode...)
Nous commençons par visiter le Takayama Jinya, siège du gouvernement de l'ancienne province sous la période des Shoguns de 1692 à 1868. Chargé d'administrer les domaines de la province, de collecter impôts et taxes et qui servait également de cour de justice:
cette manie de toujours se mettre devant un lampion!
Les contours brodés (ou non) des tatamis montraient le rang de l'occupant des pièces 
Le responsable du lieu, le Daikan, y avait ses appartements privés:
Détail apporté aux finitions : ce cache- clou en forme d'animal (il parait que c'est un lapin....)
Les appartements privés donnent sur un petit jardin d'agrément auquel on accède grâce aux claustras
La cour de jugement, où chacun a sa place selon son rang (les plus gradés en haut)
On y traitait également les cas criminels d'où une petite salle de torture :
L'ensemble est intéressant et encore une fois, révélateur d'une culture si différente.
Nous nous rendons dans le quartier qui fait la renommée de Takayama :Sanmachi Suji. Il s'agit d'une enfilade de rues commerçantes, datant du 17ème siècle ayant gardé leur atmosphère d’antan:


et on y est à peine surpris d'y voir déambuler des jeunes gens en kimonos:
en revanche, la charrette à bras est clairement pour touristes !
Les rues sont bordées de jolis magasins et restaurants, à la présentation toujours aussi exemplaire:
Le temps de se retourner et nous surprenons Calixte les mains dans le caniveau, fort intéressé par le système d'évacuation d'eau (il faut dire que nos enfants ont acquis une liberté un peu extrême pendant ce voyage et que maintenant, arrivés au Japon où tout est très policé, cela devient un peu gênant...)
Vendeur de Miso (pâte fermentée traditionnelle à base de soja et qui entre dans la composition de soupe, bouillons, sauces etc...)
Autre grande attraction du quartier, les distilleries de Saké (alcool de riz), facilement reconnaissable à la boule de feuilles de cédre, suspendue à l'entrée :


Il n'aurait pas été raisonnable de partir sans goûter!
A l’intérieur de la distillerie, Calixte pose à côté d'un Tanuki, animal légendaire aux pouvoirs magiques (cf lien ci après:tanuki-un-animal-fabuleux):
Intéressante visite ensuite d'une maison de marchand datant de 1879, la Kusakabe House, complètement restaurée. Les intérieurs sont toujours étonnants de pureté et de simplicité:
jardin intérieur:
Nous finissons avec un thé accompagné de crackers de riz (bof, pas terrible à mon goût):
Nous avons bien écumé le quartier historique de Takayama et nous finissons l'après midi en sillonnant Teramachi, le quartier des temples.Un sentier serpente à travers une bonne douzaine de temples entourés de jardins magnifiquement ouvragés:


Le travail du bois est remarquable (les charpentiers de Takayama sont célèbres dans tout le Japon)




Quelques jolies statues dans les jardins, comme celle ci d'un jeune guerrier:
ou encore celle là, plus pour le plaisir, qui porte un bavoir à effigie d'un héros de dessin animé populaire ici en ce moment: Doraemon (wikipedia Doraemon)
C'est la fin de la journée, retour à notre temple hôtel où nous profitons de la beauté et de la tranquillité des lieux. Vue sur le jardin intérieur de notre chambre:
Le lendemain, dimanche 31 juillet, nous prenons le bus local de 9h pour Kanazawa. La route nous offre de jolis paysage de montagnes (je vous rappelle que nous sommes dans les Alpes):
changement de bus à Ogimachi où un musée en plein air, présente des maisons traditionnelles aux toits de chaume, à forme pentues en "A":


Nous arrivons en fin de matinée à Kanazawa où nous gagnons de suite la Pongyi Guest House (site pongyi), petite maison en bois le long d'un canal, tenue par le fort sympathique et facétieux Masaki qui tient à nous photographier sur le "balcon" de sa maison:
La maison est adorable, incroyablement aménagée en optimisant l'espace tout en disposant de tout le confort et du raffinement à la japonaise. C'est curieux, depuis le début, nous avons un peu l'impression de vivre dans des maisons de poupées!
L'ensemble est d'une propreté méticuleuse et le sympathique propriétaire, ancien banquier devenu moine bouddhiste puis reconverti dans l'hôtellerie depuis quelques années, est un personnage hors du commun qui ajoute à l'attrait du lieu.
Bref, la guest house se révèle elle aussi, un excellent logement encore une fois (pour l'instant, nous n'avons pas été déçu depuis notre arrivée au Japon).
Nous longeons le canal pour rejoindre le centre ville. 
Architecture traditionnelle et moderne, se côtoient mais toujours à base de bois:


Arrêt en chemin dans un petit temple Shinto de quartier (Shimpuku-in), le temps d'admirer l'autel:
et les lanternes (une véritable obsession!!)
Puis nous arrivons en vue du quartier des Samouraïs : Nagamachi.Leurs maisons étaient en bois,avec jardins, et entourées de murs en torchis :
La grandeur et le raffinement de la maison dépendait du rang du Samouraï. Ici devant une appartenant à un samouraï "à pied", le plus bas échelon:
après nous être promenés dans les venelles du quartier, nous quittons l'époque féodale pour un retour au 21ème siècle et ses centres commerciaux un peu clinquant!
C'est l'heure du déjeuner et il y a une grosse activité au rayon "take away"!
D'incroyables stands de brochettes se succèdent...


Nous finissons par faire notre choix (pas de vraie mauvaise surprise, juste une glouille au milieu d'une boulette mais c'était dans le plat d'Edgar qui n'est pas difficile, lui...).
Hop, hop, nous allons au pas de course au château de Kanazawa. Celui ci date du 16ème siécle et a été plusieurs fois détruit et reconstruit à l'identique.


Quelle belle pelouse bien verte et douce...ah, deux petits énergumènes l'ont également remarquée (personne d'autres n'a osé, les petits japonais,eux, marchent sagement aux côté de leurs parents...):
En 2001, le château a été totalement rénové en utilisant les techniques ancestrales notamment au niveau de la charpenterie.La visite de l'intérieur du château permet d'admirer ce travail du bois:
Il n'y a pas que les enfants qui se sont dévergondés pendant ce voyage:
Finalement, c'est encore moi la plus sage...
Vue du château et d'un coin du jardin:
vue d'en haut sur la porte:
De retour à la guest house, Masaki entreprend de préparer un granité aux enfants. Pour cela,la technologie japonaise a bien évidemment développé le matériel idoine: à savoir, une espèce de mixeur qui broie la glace très très fin:
Un petit coup de sirop par dessus la glace pilée et voilà le tour est joué!
Une fois la glace avalée, il entraine les enfants dans un atelier Origami:
Les Japonais sont très doués pour cette activité de pliage de papier, qui est l'un de leur loisir préféré. 
Voilà le résultat, une grue, symbole de Paix:
...trop beau, je suis impressionnée (mais qui a eu un jour l'idée de faire un truc pareil? Ça me sidère...). Pour qui veut en connaitre un peu plus: Origami
Mais pas le temps de s'extasier devant la grue que Masaki (il a dû aussi être animateur au Club Med, c'est pas possible), nous embarque dans les préparations d'un feu d'artifice maison.
Déballage des produits festifs avec les autres clients de Pongyi:

Nous voilà fin prêt avec nos petits bâtonnets dans les mains:
Masaki remplit un seau d'eau (au cas où!) en piochant dans le canal:

C'est parti: il suffit d'allumer les chandelles une à une et de laisser faire! Les débuts sont  hésitants (Adélie et Calixte sont un peu impressionnés)...
...mais très vite, tout le monde prend de l'assurance !
 C'est vraiment amusant, nous passons un excellent moment:
c'est l'heure de gagner notre petite "cabine japonaise" pour une bonne nuit de sommeil!
Samedi 30 juillet, nous émergeons un peu tard..Petit coup d'oeil en passant, sur la très moderne et très réussie, Gare (routière et ferroviaire) de Kanasawa, avec son porte d'entrée en bois surmonté d'une galerie de verre impressionnante:
 
Nous sommes intrigués par cette fontaine qui indique l'heure:
super quand même!
Nous allons ensuite dans le quartier des Geishas : Higachi. Celles ci vivaient en effet regroupées dans le même quartier, crée en 1820. Toutes les maisons construites dans le même style confèrent une belle harmonie générale à la rue:
Le quartier d'Higashi était fréquenté par de riches hommes d'affaires qui aimaient se divertir en assistant aux spectacles donnés par les Geishas ...Celles ci étaient excellentes danseuses, musiciennes, chanteuses...
Les Geishas ne sont plus très nombreuses (200 de nos jours) même si un regain se fait sentir depuis quelques années. Elles vivent surtout à Kyoto. Ci après un long et détaillé article sur les Geishas:tout savoir sur les Geishas
Non ce ne sont pas des Geishas mais juste des jeunes filles en kimono, habit traditionnel qu'il n'est pas rare de voir dans les rues, portés à tout âge:
Pour compléter notre curiosité sur le sujet, nous visitons la très belle Ochaya Shima, une maison de Geishas, reconvertie en petit musée qui permet d'avoir une idée de l'atmosphère de l'époque. 
On peut y voir l'aménagement typique de ces maisons où une salle d'attente voisinait avec une salle de spectacle dans laquelle la Geishas recevait son/ses clients en particulier.
C'est toujours d'un raffinement exquis; une partie de la pièce donnant sur un petit jardin intérieur:
Coucou!!
Autre grande activité des Geishas : la cérémonie du thé. Ci dessous, la cuisine servant à la préparation du fameux breuvage:
Je pourrai vous mettre encore une demi douzaine de photos de cette maison tant tout m'a semblé admirable...mais comme il ne faut pas lasser le lecteur, je m'arrête là.
Comme dans tout coin touristique, fleurissent de nombreuses boutiques: nous n'échappons pas à l'achat de baguettes. Il faut dire que le choix est large...
Il y en a de tailles inférieures pour les enfants, avec des petits motifs adorables (et pas gnangnan):
Excellente transition : nous voici à table pour le déjeuner du midi, dans un restaurant traditionnel où l'on se déchausse à l'entrée (imaginez ça à Paris, les clients enlevant leurs chaussures dans les restaurants!) et où l'on mange assis sur ses genoux (c'est pas confortable, je ne m'y fais pas!):
L'après midi commence par la visite du fabuleux jardin de Kenrokuen, datant de 1676 et connu comme l'un des plus beaux du Japon.
De magnifiques arbres partout, parfois avec des branches d'une longueur incroyable, soutenues par des étais en bois:

Les amateurs de botanique apprécieront la délicatesse et l'agencement de l'ensemble:


La maison de thé sur le lac artificiel est le plus ancien bâtiment du jardin. Nichée au milieu des arbres, c'est adorable:
Un beau spécimen d'aigrette blanche et noire
Pour entretenir tout cela, il faut bien une armée de jardiniers. Ils sont là, gratant la mousse cm par cm, tous impeccables, en uniforme,avec à la ceinture un diffuseur de produit contre les moustiques:
De très près, c'est surprenant...
A la sortie du jardin, un petit temple Shinto (Ishiura Jinja) quasi désert où nous entrons un peu par hasard:
nous assistons à une cérémonie étrange dans laquelle une jeune femme en blanc secoue une sorte de bâton de pom-pom girl en papier! Nous ne comprenons pas bien les tenant et les aboutissants mais une jeune fille habillé en rouge qui officie dans le temple, nous fait signe de déposer une branche de feuilles en face de l'autel en la tournant d'un sens puis de l'autre..nous nous exécutons docilement et retournons ensuite nous asseoir avant que la même jeune fille nous propose un bol de saké (sympa!)
Avant de partir Edgar lui demande de signer son livre du Pèlerin : (destiné à recueillir les calligraphies et tampons des temples visités -merci Jean-Michel pour le tuyau-)
Détail sur la signature (faite à l'encre de chine et au pinceau, impressionnant!)
Juste en face du temple, se dresse le musée d'art contemporain du 21ème siécle, belle réalisation d'architecture moderne:
A l’extérieur, quelques installations créées par des designers de renom, vite investies par nos jeunes et intrépides enfants:


Non loin de là, le sanctuaire Oyama...
..et son ravissant jardin avec sa promenade de planches:
Nous regagnons la Pongyi Guest House en fin d'après midi, où une nouvelle cliente de l'hôtel, institutrice de son état, entreprend de nous convertir à l'Origami...mais nous sommes particulièrement mauvais et malgré ses efforts, le résultat est catastrophique!!
Par respect pour notre image de marque, je ne vous montre pas les photos de nos réalisations!!
Une petite séance photo souvenir avec Masaki, une des plus belles rencontres de notre voyage...Je ne résiste pas au plaisir de mettre deux photos, rien que pour les différentes attitudes de notre ami japonais :


Puis c'est le moment du départ, il est 23h, nous avons un bus de nuit qui nous attend pour Kyoto où nous avons prévu de passer 4 jours du 2 au 5 août.

3 commentaires:

  1. Salut Edgar,

    Je constate que tu as vu pourquoi j'insistais (lourdement) pour que tu passes par Takayama ... cette ville me paraissait incontournable (de même que Kanazama ... mais là, nous étions d'accord). Ce qui est amusant c'est que nous n'avons pas vu les mêmes choses (enfin, il y a quand même un tronc commun, fort heureusement).

    Je vois que tu es bien accroché au livre de pèlerin .... à raison de 300 yens (ça fait toujours 3 eur??) la calligraphie, il prend de la valeur de jour en jour.

    et maintenant ... Kyoto (tu vas a-do-rer)

    Jm

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  2. tranquilité, calme, beauté, raffinement, quel pays fascinant... je suis aussi très intéressée par les reportages sur les différentes guest houses, et pour cause...Vous avez eu un hôte formidable , moi je ne propose pas de soirée feu d'artifice ou origami...Adélie et Calixte ont l'air très en forme et à l'aise partout.

    C'est fascinant un pays pareil...Ne mangez pas trop de champignons quand même!!!!!
    tatie C

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  3. J'espere les filles qu'il vous reste un peu de place dans vos sacs a dos pour rapporter un de ces magnifiques kimonos (et aussi faire le plein de babioles hello kitty, n'est ce pas adelie ???)
    C'est fou comme on ressent le calme et la sérénité après l'agitation de Tokyo.
    Lucile je suppose que tu as lu le livre Mémoires d'une geisha? tes photos sont assez fidèles a l'image que je me faisais de ces maisons d'un raffinement exquis.
    Ça y est ns sommes sur la route des vacances. Yesssss! Pas aussi exotiques que les vôtres c sur mais bien attendues quand même.
    Bises
    Carole

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