Dimanche 7 juillet au soir,
nous prenons le métro d’Osaka pour rejoindre la gare routière où nous attend
notre bus de nuit pour Hiroshima. C’est sûr qu’avec le lampion et autres menus
achats, nos bagages ne s’accordent plus du tout avec le concept « voyager
léger et compact » :
23h30 : nous arrivons
dans la gare routière mega-high-tech des bus Willer, première compagnie de bus
privée du Japon. C’est suffisamment saisissant pour que j’en prenne une
photo !
A minuit, nous voilà dans le
bus. Chacun s’installe le plus douillettement possible, rabattant son petit
capuchon sur la tête pour s’isoler : c’est le top du bus de nuit !
Le lendemain matin,nos affaires déposées à
l’hôtel, nous montons dans le premier tramway pour la visite incontournable du
mémorial.
Hiroshima est une grande
ville moderne, reconstruite. Son centre se trouve entre deux bras de rivière,
formant une île. Il fut totalement détruit par la bombe et est désormais dédiée
à la commémoration et au souvenir de cet événement tragique.
Ainsi, dans cet espace vert,
on trouve un des seuls bâtiments n’ayant pas été complètement détruit,
l’ancien hall commercial de la préfecture d’Hiroshima. En effet, la bombe
ayant éclaté à 600m d’altitude juste au dessus, le souffle s’est ensuite
propagé en entonnoir inversé, dans toutes les directions… « épargnant »
une bonne partie de la structure, mais pas les personnes à l’intérieur (la
chaleur dégagée par la bombe était de l’ordre de plusieurs milliers de degrés).
Ce qui a été ensuite,
rebaptisé « A-Bomb Dome » marque le début de la visite du mémorial:
Certes, j’ai pris soin
d’embarquer deux paquets de kleenex pour parer à tout débordement (je suis trop
sensible et j’ai facilement la larme à l’œil…), mais, rien que devant ces
ruines, je sens bien que cela ne va pas être de trop :
Autre monument quelques
centaine de mètres plus loin : celui aux enfants morts de la bombe :
Avec cette petite fille
supportant une grue, symbole de paix :
L’histoire veut qu’il fût
érigé après la mort d’une petite fille, Sadako Sadaki, qui, exposée aux
radiations à l’âge de deux ans, développa une leucémie foudroyante dix ans plus
tard. Alors qu’elle luttait contre la maladie, elle entreprit de plier des grues
en papier, suivant en cela une vieille tradition japonaise qui veut que
quiconque plie 1000 grues en papier, voit son vœu se réaliser. Deux versions
s’affrontent ensuite : l’une affirmant qu’elle avait plié toutes les grues avant
de mourir et l’autre disant qu’elle n’en avait fait que 640 et que ces
camarades de classe plièrent le nombre restant avant de les ensevelir avec
elle…
C’est pourquoi, il y a
toujours autour de ce monument, des guirlandes de grues en papier, réalisées
par des écoliers de tous le Japon.
Ainsi que des réalisations
plus complexes mais toujours à base de ces petites grues d’origami :
On peut également faire
sonner la cloche de la paix sur laquelle est gravée une carte du monde sans
frontière, pour symboliser l’unité :
Le moment est grave, je sonne "doucement", comme
précisé sur le panneau,
Et les enfants amortissent
le son :
De très nombreux autres édifices en mémoires aux
disparus parsèment le parc, citons encore celui là, rendant hommages aux
victimes coréennes (de très nombreux émigrés coréens travaillaient à Hiroshima.
Plus de 10 000 périrent ce jour là) :
La flamme de la paix fait
face au musée que l’on visitera ensuite. Il est dit que la flamme qui brûle
sous l’arche, ne s’éteindra que lorsqu’il n’y aura plus aucune arme nucléaire
dans le monde…elle a donc encore quelques beaux jours devant elle :
Beaucoup de jolies statues
aussi, disséminées dans la verdure, certaines assez poignantes :
Mais le plus dur (pour moi)
reste à venir : le Peace Memorial Museum, qui retrace l’histoire
d’Hiroshima avant et après la bombe, et relate en détail, ce qui se passa ce 6
août 1945, à 8h15, par un beau matin clair et ensoleillé…(la montre appartenait
à une victime)
La ville avant :
Et après.(l’endroit où
explosa la bombe est matérialisée par une boule rouge).Il ne reste quasiment
plus rien.
Sur les 300 000
habitants que comptait la ville, 200 000 périrent ce jour là ou dans les 4
mois suivant …
S’en suivent de nombreuses
salles, exposant des objets personnels appartenant aux victimes ainsi que de
multiples histoires, toutes plus poignantes les unes que les autres, ou encore
des reconstitutions montrant des survivants atrocement brûlés, errant dans les
ruines juste après l’explosion…C'est affreux et je suis sûre maintenant que mes deux paquets de
kleenex ne suffiront pas !
La salle sur les dégâts et
maladies causés par les radiations nucléaires est également atroce et les
enfants me regardent maintenant un peu interloqués (et Edgar se moque de moi en
me disant que je ne suis pas vraiment normale)…
Le Lonely Planet nous avait
prévenus « la visite du mémorial d’Hiroshima est incontournable mais
ruinera votre journée ! ». Effectivement, pour moi, c’est encore pire
que prévu et de retour à l’hôtel tandis que les enfants se jettent sur leurs DS
pour décompresser (eux aussi ont bien compris l’horreur de la situation), je
m’affale sur mon futon pour un bon repos salvateur !
Edgar quant à lui, toujours
en pleine forme, entreprend la montée de la colline qui mène à la pagode de la
paix, avec son dôme en argent.
Construite en 1966 à la mémoire
des victimes de la bombe, on y voit un très beau panorama de la ville :
Le lendemain matin, remis de
nos émotions, nous mettons le cap sur l’île de Miyajima, réputée pour être l’un
des plus beaux sites naturels du Japon.
A bord du ferry avant de
débarquer :
Nous arrivons à marée basse et il y a des algues
vertes comme en Bretagne !
Et là aussi, comme à Nara,
il y a des daims (parait-il « sauvages », d’après le dépliant de
l’office du tourisme)
Lesquels daims ne dédaignent
pas mâcher un bon prospectus pris dans un panier à vélo, stationné non
loin :
La grande spécialité
culinaire de Miyajima est l’huître, en particulier grillée au barbecue (trop
glouille pour moi) :
Au loin, vous devinez le
symbole de l’île : le Torii flottant (sauf que là, à marée basse, ça ne
flotte pas donc c’est moins spectaculaire, mais patience…)
Nous nous approchons
doucement, nous laissant le temps d’admirer ce portique en bois orange, symbole
Shinto du passage du monde des hommes au monde des dieux…
La mer monte lentement mais
nous pouvons encore atteindre les piliers,
Edgar prem’s :Et moi après, tout sourire :
Jusqu’à ce qu’une vague un
peu plus forte que les autres vienne me surprendre…pas de chance, juste au
moment où Edgar appuie sur le déclencheur (j’ai beaucoup hésité avant de
publier cette photo, vous imaginez bien, mais bon, je me moque suffisamment des
autres pour accepter la pareille !!)
Et voici maintenant Edgar
plaçant avec application une pièce entre les concrétions de coquillages tout en
faisant un vœu (le Shintoïsme, c’est ludique, il y a pleins de petits rituels
comme ça) :
Miyajima est remplie de
trésors architecturaux comme cette pagode
de cinq étages, haute de 28 mètres et construite en 1407 :
Statue de lanterne avec un
corbeau en bronze. Ces volatiles sont incroyablement nombreux et imposants
partout dans le pays…c’est un véritable élément du paysage japonais
(malheureusement … à mon avis, l’une des seules fautes de goût dans ce
pays !!) :
Nous pénétrons ensuite dans
le sanctuaire d’Itsukushima, classé au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO et
dont le grand portail (Torii) approché précédemment, constitue l’entrée
spirituelle. L’origine du sanctuaire remonte au 6ème siècle mais son
organisation actuelle date plutôt du 12ème siècl. Il comporte plusieurs
bâtiments construits sur pilotis, se découvrant à marée basse et paraissant
flotter sur l’eau à marée haute.
Pour l’instant, c’est encore
marée basse :
Petite fille s’éventant dans la chaleur de l’été japonais (jamais nous ne pensions avoir si chaud ici) :
Le hall de prière principal
Et une cérémonie shinto
(toujours aussi intrigants les rites de cette religion) :
La grande scène du sanctuaire, face à la mer, sur
laquelle ont lieu les danses cérémonielles (Bugaku)
Le « pont arqué »,
appelé aussi « pont du messager impérial » qui permettait aux
émissaires de l’empereur de rentrer directement dans le sanctuaire principal.
Vu de près, la pente du pont parait incroyablement abrupte et difficilement
franchissable. Nous apprenons par la suite, que des escaliers escamotables sont
placés dessus pour faciliter le passage si besoin :
Nous quittons le sanctuaire
et partons nous promener dans le parc de Momijidani, parc tranquille situé en
retrait du village, au cœur d’une forêt primitive. C’est calme et ombragé,
parfait pour une petite pause rafraichissante près de la rivière.
Mouillage de casquette
(technique Edgarienne pour conjurer la chaleur) :
Ablutions diverses et
trempage de pieds général,
Et même une photo avec
retardateur (Yata !) :
Tiens des petites crevettes
d’eau douce viennent nous chatouiller les pieds (la pureté des cours d’eau
japonais est saisissante ; ce n’est pas la première fois que nous le
remarquons) :
Notre situation en haut
d’une colline nous permet de voir, au loin, les ferrys qui font la navette avec
le continent :
En redescendant, petit
détour par le temple bouddhiste Daishoin.
Joli temple avec un petit
coin jardin mignon comme tout (encore des idées pour le réaménagement de la
terrasse de Laurence et André !) :
Amas grouillant de tablettes
votives en tout genre :
Et de nombreuses statues de
divinités diverses tel Daruma, sage indien du 5ème siècle,
représenté sous forme de culbuto, synonyme de chance, d’optimisme et de bonne
fortune (car il revient toujours à la même position). A nouvel an, beaucoup de
japonais achètent un petit culbuto Daruma, font un vœu, dessinent un seul œil
et apposent le second si le vœu se réalise au cours de l’année.
Nous retrouvons aussi une
statue de Binzuru (souvenez vous, nous l’avons déjà croisé à Nara), le bouddha
curateur de toute peine :
Ainsi que beaucoup d’autres
jolies statues en pierre comme celles-ci :
Avant de rejoindre Hiroshima, nous repassons par le sanctuaire d’Itsukushima, pour admirer encore une fois, ce superbe ensemble et surtout le voir à marée haute :
Ça change toutes les perspectives et c’est encore plus beau qu’à marée basse (enfin je trouve, question de goût bien sûr…)
Quelques vues diverses donc
du sanctuaire à marée haute (avec participation sur certaines photos de Guest
stars françaises bien connues !)
Le magnifique Torii est désormais
dans l’eau, semblant flotter :
Et nous devant, pour la
photo officielle du couple !
Un dernier coup d’œil sur le
Torii au soleil couchant,
Avant de filer à
l’embarcadère des ferrys où nous remarquons une petite maquette présentant le
jumelage de Miyajima avec….le Mont St Michel !!
Le soleil se couche, retour
sur Hiroshima.
Nous dinons dans un petit
restaurant où un gentil monsieur, parlant quelques mots d’anglais, m’aide à
traduire la carte (le défi étant de ne pas me retrouver, à l'arrivée, avec un énorme plat de glouilles...)
Au menu, pot au feu
japonais…
…et Shochu (alcool à base de
riz, d’orge ou de pommes de terre) pour Edgar, qui ne recule devant aucune
difficulté !
Pendant ce temps là, un écran de TV diffuse en
direct, le match des Carps, célèbre équipe de baseball locale (les japonais
vouent une passion à ce sport introduit par les américains pendant
l’occupation d’après guerre).
Nous quittons Hiroshima,
ville très attachante, par un bus de nuit (encore ! oui mais c’est le
dernier) pour Fukuoka sur l’île du Kyushu, tout au sud…
@ JM : Nous avions prévu Koyasan, mais pour éviter l'indigestion de temples et faire plaisir aux enfants nous avons choisi de faire ludique d'où les ninjas !!!
RépondreSupprimerA +
Coucou Lucile, merci pour toutes ces photos émouvantes ... J'aurais probablement utilisé autant de kleenex que toi ! Nous avons bcp ri dans le post précédent à ton récit de la chute aux bains ... Le mystère des ablutions à rallonge de la ptite dame a t il finalement été résolu ?! La mine effarée d'Edgar devant l'empaquetage du petit lampion ... Allons, Imposant mais sans doute tout léger le paquet ? On a hâte de vous revoir ... Dès qu'on sera de retour sur Paris ! Bon courage pour le voyage du retour, on vous embrasse. Math, Bertrand, et les filles.
RépondreSupprimerMessage de claire : coucou Adélie, j'ai bien rigolé quand ta maman est tombée du tabouret aux bains ! Bisous, Claire.
Edgar,
RépondreSupprimertu as visité le lieu qui m'a vu revenir à la vie. Tu peux désormais comprendre pourquoi je refusais de mourir avant de le voir.
Tu vas rire .... je pars au Japon le 27/8 pour une semaine !!!!
Pour Koyasan ... pas le choix, il faudra que tu reviennes au Japon. Mais je te dirais pourquoi en privé ....
Tu sais quoi ? On rentre le 16 aout mais de... La Baule... Le choc risque d'être moins grand...
RépondreSupprimerBiz on pense à vous fort
nous 4
Hello à vous 4,
RépondreSupprimerJe viens de passer une heure à rattraper d'un coup tout le voyage au Japon et à rebours : passionnant et magnifique ! Mon cher et tendre a du coup décidé grâce à vous que ce serait notre prochaine destination de vacances...
Beaucoup d'émotion pour moi aussi (j'ai utilisé un mouchoir quand même) pour Hiroshima alors heureusement que l'île spectaculaire après change un peu les idées...
On espère que votre dernière étape s'est bien passée. Bon retour chez vous (je vais pas vous mentir, il ne fait pas 35°, loin s'en faut :)
Enormes bisous du 101 impatient de vous voir tous au grand complet !