samedi 13 août 2011

Hiroshima/ Miyajima


Dimanche 7 juillet au soir, nous prenons le métro d’Osaka pour rejoindre la gare routière où nous attend notre bus de nuit pour Hiroshima. C’est sûr qu’avec le lampion et autres menus achats, nos bagages ne s’accordent plus du tout avec le concept « voyager léger et compact » :

23h30 : nous arrivons dans la gare routière mega-high-tech des bus Willer, première compagnie de bus privée du Japon. C’est suffisamment saisissant pour que j’en prenne une photo !

A minuit, nous voilà dans le bus. Chacun s’installe le plus douillettement possible, rabattant son petit capuchon sur la tête pour s’isoler : c’est le top du bus de nuit !

Le lendemain matin,nos affaires déposées à l’hôtel, nous montons dans le premier tramway pour la visite incontournable du mémorial.

Hiroshima est une grande ville moderne, reconstruite. Son centre se trouve entre deux bras de rivière, formant une île. Il fut totalement détruit par la bombe et est désormais dédiée à la commémoration et au souvenir de cet événement tragique.

Ainsi, dans cet espace vert, on trouve un des seuls bâtiments n’ayant pas été complètement détruit, l’ancien hall commercial de la préfecture d’Hiroshima. En effet, la bombe ayant éclaté à 600m d’altitude juste au dessus, le souffle s’est ensuite propagé en entonnoir inversé, dans toutes les directions… « épargnant » une bonne partie de la structure, mais pas les personnes à l’intérieur (la chaleur dégagée par la bombe était de l’ordre de plusieurs milliers de degrés).
Ce qui a été ensuite, rebaptisé « A-Bomb Dome » marque le début de la visite du mémorial:

Certes, j’ai pris soin d’embarquer deux paquets de kleenex pour parer à tout débordement (je suis trop sensible et j’ai facilement la larme à l’œil…), mais, rien que devant ces ruines, je sens bien que cela ne va pas être de trop :

Autre monument quelques centaine de mètres plus loin : celui aux enfants morts de la bombe :

Avec cette petite fille supportant une grue, symbole de paix :

L’histoire veut qu’il fût érigé après la mort d’une petite fille, Sadako Sadaki, qui, exposée aux radiations à l’âge de deux ans, développa une leucémie foudroyante dix ans plus tard. Alors qu’elle luttait contre la maladie, elle entreprit de plier des grues en papier, suivant en cela une vieille tradition japonaise qui veut que quiconque plie 1000 grues en papier, voit son vœu se réaliser. Deux versions s’affrontent ensuite : l’une affirmant qu’elle avait plié toutes les grues avant de mourir et l’autre disant qu’elle n’en avait fait que 640 et que ces camarades de classe plièrent le nombre restant avant de les ensevelir avec elle…

C’est pourquoi, il y a toujours autour de ce monument, des guirlandes de grues en papier, réalisées par des écoliers de tous le Japon.

Ainsi que des réalisations plus complexes mais toujours à base de ces petites grues d’origami :

On peut également faire sonner la cloche de la paix sur laquelle est gravée une carte du monde sans frontière, pour symboliser l’unité :
Le moment est grave, je sonne "doucement", comme précisé sur le panneau,

Et les enfants amortissent le son :
De très nombreux autres édifices en mémoires aux disparus parsèment le parc, citons encore celui là, rendant hommages aux victimes coréennes (de très nombreux émigrés coréens travaillaient à Hiroshima. Plus de 10 000 périrent ce jour là) :

La flamme de la paix fait face au musée que l’on visitera ensuite. Il est dit que la flamme qui brûle sous l’arche, ne s’éteindra que lorsqu’il n’y aura plus aucune arme nucléaire dans le monde…elle a donc encore quelques beaux jours devant elle :

Beaucoup de jolies statues aussi, disséminées dans la verdure, certaines assez poignantes :


Mais le plus dur (pour moi) reste à venir : le Peace Memorial Museum, qui retrace l’histoire d’Hiroshima avant et après la bombe, et relate en détail, ce qui se passa ce 6 août 1945, à 8h15, par un beau matin clair et ensoleillé…(la montre appartenait à une victime)
La ville avant :

Et après.(l’endroit où explosa la bombe est matérialisée par une boule rouge).Il ne reste quasiment plus rien.
Sur les 300 000 habitants que comptait la ville, 200 000 périrent ce jour là ou dans les 4 mois suivant …

S’en suivent de nombreuses salles, exposant des objets personnels appartenant aux victimes ainsi que de multiples histoires, toutes plus poignantes les unes que les autres, ou encore des reconstitutions montrant des survivants atrocement brûlés, errant dans les ruines juste après l’explosion…C'est affreux et je suis sûre maintenant que mes deux paquets de kleenex ne suffiront pas !
La salle sur les dégâts et maladies causés par les radiations nucléaires est également atroce et les enfants me regardent maintenant un peu interloqués (et Edgar se moque de moi en me disant que je ne suis pas vraiment normale)…
Le Lonely Planet nous avait prévenus « la visite du mémorial d’Hiroshima est incontournable mais ruinera votre journée ! ». Effectivement, pour moi, c’est encore pire que prévu et de retour à l’hôtel tandis que les enfants se jettent sur leurs DS pour décompresser (eux aussi ont bien compris l’horreur de la situation), je m’affale sur mon futon pour un bon repos salvateur !

Edgar quant à lui, toujours en pleine forme, entreprend la montée de la colline qui mène à la pagode de la paix, avec son dôme en argent.

Construite en 1966 à la mémoire des victimes de la bombe, on y voit un très beau panorama de la ville :


Le lendemain matin, remis de nos émotions, nous mettons le cap sur l’île de Miyajima, réputée pour être l’un des plus beaux sites naturels du Japon.
A bord du ferry avant de débarquer :
Nous arrivons à marée basse et il y a des algues vertes comme en Bretagne !

Et là aussi, comme à Nara, il y a des daims (parait-il « sauvages », d’après le dépliant de l’office du tourisme)

Lesquels daims ne dédaignent pas mâcher un bon prospectus pris dans un panier à vélo, stationné non loin :

La grande spécialité culinaire de Miyajima est l’huître, en particulier grillée au barbecue (trop glouille pour moi) :

Au loin, vous devinez le symbole de l’île : le Torii flottant (sauf que là, à marée basse, ça ne flotte pas donc c’est moins spectaculaire, mais patience…)

Nous nous approchons doucement, nous laissant le temps d’admirer ce portique en bois orange, symbole Shinto du passage du monde des hommes au monde des dieux…

La mer monte lentement mais nous pouvons encore atteindre les piliers,
Edgar prem’s :
Et moi après, tout sourire :

Jusqu’à ce qu’une vague un peu plus forte que les autres vienne me surprendre…pas de chance, juste au moment où Edgar appuie sur le déclencheur (j’ai beaucoup hésité avant de publier cette photo, vous imaginez bien, mais bon, je me moque suffisamment des autres pour accepter la pareille !!)

Et voici maintenant Edgar plaçant avec application une pièce entre les concrétions de coquillages tout en faisant un vœu (le Shintoïsme, c’est ludique, il y a pleins de petits rituels comme ça) :

Miyajima est remplie de trésors architecturaux comme cette pagode  de cinq étages, haute de 28 mètres et construite en 1407 :


Statue de lanterne avec un corbeau en bronze. Ces volatiles sont incroyablement nombreux et imposants partout dans le pays…c’est un véritable élément du paysage japonais (malheureusement … à mon avis, l’une des seules fautes de goût dans ce pays !!) :

Nous pénétrons ensuite dans le sanctuaire d’Itsukushima, classé au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO et dont le grand portail (Torii) approché précédemment, constitue l’entrée spirituelle. L’origine du sanctuaire remonte au 6ème siècle mais son organisation actuelle date plutôt du 12ème siècl. Il comporte plusieurs bâtiments construits sur pilotis, se découvrant à marée basse et paraissant flotter sur l’eau à marée haute.
Pour l’instant, c’est encore marée basse :



Petite fille s’éventant dans la chaleur de l’été japonais (jamais nous ne pensions avoir si chaud ici) :
Le hall de prière principal

Et une cérémonie shinto (toujours aussi intrigants les rites de cette religion) :
La grande scène du sanctuaire, face à la mer, sur laquelle ont lieu les danses cérémonielles (Bugaku)

Le « pont arqué », appelé aussi « pont du messager impérial » qui permettait aux émissaires de l’empereur de rentrer directement dans le sanctuaire principal. Vu de près, la pente du pont parait incroyablement abrupte et difficilement franchissable. Nous apprenons par la suite, que des escaliers escamotables sont placés dessus pour faciliter le passage si besoin :

Nous quittons le sanctuaire et partons nous promener dans le parc de Momijidani, parc tranquille situé en retrait du village, au cœur d’une forêt primitive. C’est calme et ombragé, parfait pour une petite pause rafraichissante près de la rivière.
Mouillage de casquette (technique Edgarienne pour conjurer la chaleur) :
Ablutions diverses et trempage de pieds général,

Et même une photo avec retardateur (Yata !) :

Tiens des petites crevettes d’eau douce viennent nous chatouiller les pieds (la pureté des cours d’eau japonais est saisissante ; ce n’est pas la première fois que nous le remarquons) :

Notre situation en haut d’une colline nous permet de voir, au loin, les ferrys qui font la navette avec le continent :

En redescendant, petit détour par le temple bouddhiste Daishoin.

Joli temple avec un petit coin jardin mignon comme tout (encore des idées pour le réaménagement de la terrasse de Laurence et André !) :

Amas grouillant de tablettes votives en tout genre :
Et de nombreuses statues de divinités diverses tel Daruma, sage indien du 5ème siècle, représenté sous forme de culbuto, synonyme de chance, d’optimisme et de bonne fortune (car il revient toujours à la même position). A nouvel an, beaucoup de japonais achètent un petit culbuto Daruma, font un vœu, dessinent un seul œil et apposent le second si le vœu se réalise au cours de l’année.

Nous retrouvons aussi une statue de Binzuru (souvenez vous, nous l’avons déjà croisé à Nara), le bouddha curateur de toute peine :

Ainsi que beaucoup d’autres jolies statues en pierre comme celles-ci :

Avant de rejoindre Hiroshima, nous repassons par le sanctuaire d’Itsukushima, pour admirer encore une fois, ce superbe ensemble et surtout le voir à marée haute :
Ça change toutes les perspectives et c’est encore plus beau qu’à marée basse (enfin je trouve, question de goût bien sûr…)

Quelques vues diverses donc du sanctuaire à marée haute (avec participation sur certaines photos de Guest stars françaises bien connues !)


Le magnifique Torii est désormais dans l’eau, semblant flotter :



Et nous devant, pour la photo officielle du couple !

Un dernier coup d’œil sur le Torii au soleil couchant,

Avant de filer à l’embarcadère des ferrys où nous remarquons une petite maquette présentant le jumelage de Miyajima avec….le Mont St Michel !!

Le soleil se couche, retour sur Hiroshima.

Nous dinons dans un petit restaurant où un gentil monsieur, parlant quelques mots d’anglais, m’aide à traduire la carte (le défi étant de ne pas me retrouver, à l'arrivée, avec un énorme plat de glouilles...)

Au menu, pot au feu japonais…

…et Shochu (alcool à base de riz, d’orge ou de pommes de terre) pour Edgar, qui ne recule devant aucune difficulté !
Pendant ce temps là, un écran de TV diffuse en direct, le match des Carps, célèbre équipe de baseball locale (les japonais vouent une passion à ce sport introduit par les américains pendant l’occupation d’après guerre).

 Nous quittons Hiroshima, ville très attachante, par un bus de nuit (encore ! oui mais c’est le dernier) pour Fukuoka sur l’île du Kyushu, tout au sud…

5 commentaires:

  1. @ JM : Nous avions prévu Koyasan, mais pour éviter l'indigestion de temples et faire plaisir aux enfants nous avons choisi de faire ludique d'où les ninjas !!!
    A +

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  2. Coucou Lucile, merci pour toutes ces photos émouvantes ... J'aurais probablement utilisé autant de kleenex que toi ! Nous avons bcp ri dans le post précédent à ton récit de la chute aux bains ... Le mystère des ablutions à rallonge de la ptite dame a t il finalement été résolu ?! La mine effarée d'Edgar devant l'empaquetage du petit lampion ... Allons, Imposant mais sans doute tout léger le paquet ? On a hâte de vous revoir ... Dès qu'on sera de retour sur Paris ! Bon courage pour le voyage du retour, on vous embrasse. Math, Bertrand, et les filles.
    Message de claire : coucou Adélie, j'ai bien rigolé quand ta maman est tombée du tabouret aux bains ! Bisous, Claire.

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  3. Edgar,

    tu as visité le lieu qui m'a vu revenir à la vie. Tu peux désormais comprendre pourquoi je refusais de mourir avant de le voir.

    Tu vas rire .... je pars au Japon le 27/8 pour une semaine !!!!

    Pour Koyasan ... pas le choix, il faudra que tu reviennes au Japon. Mais je te dirais pourquoi en privé ....

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  4. Tu sais quoi ? On rentre le 16 aout mais de... La Baule... Le choc risque d'être moins grand...
    Biz on pense à vous fort
    nous 4

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  5. Hello à vous 4,

    Je viens de passer une heure à rattraper d'un coup tout le voyage au Japon et à rebours : passionnant et magnifique ! Mon cher et tendre a du coup décidé grâce à vous que ce serait notre prochaine destination de vacances...
    Beaucoup d'émotion pour moi aussi (j'ai utilisé un mouchoir quand même) pour Hiroshima alors heureusement que l'île spectaculaire après change un peu les idées...
    On espère que votre dernière étape s'est bien passée. Bon retour chez vous (je vais pas vous mentir, il ne fait pas 35°, loin s'en faut :)
    Enormes bisous du 101 impatient de vous voir tous au grand complet !

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