mercredi 11 mai 2011

Lac Inlé via Pindaya

Samedi 7 mai, nous partons en voiture pour le Lac Inlé en faisant un crochet par Pindaya et sa fameuse grotte aux 8000 Bouddhas. C’est notre logeuse de Kalaw qui nous a arrangé ce voyage en louant les services d’un chauffeur. Cette fois la voiture, bien que vétuste, possède un coffre suffisamment grand pour tous nos bagages et, grand luxe, ses deux essuies glaces fonctionnent (ce qui n’est pas le cas du compteur de vitesse, ni de la jauge essence mais avouez que tout cela est superflu)… Les 2 heures de trajet jusqu’à Pindaya nous permettent d’expérimenter, de jour, le concept de route Birmane (de nuit, on avait rien vu). Il consiste en une seule voie goudronnée, avec nombreux trous et raccommodages, et servant pour les deux sens de circulation. Cette route est bordée de bas-côtés en pierres et terre qui permettent, lorsqu’arrive un véhicule en sens inverse (c’est inévitable), que chaque conducteur se fasse la civilité de se déporter à moitié sur sa droite…Voilà, c’est tout simple mais ça ralentit bien l’allure et c’est sans compter sur les troupeaux de zébus, buffles ou autre piétons et chiens qui peuvent « encombrer » ces fameux bas côtés. Alors là, la technique reste de klaxonner très fort (en espérant que ce petit monde s’envole ?) ou de s’arrêter le temps de laisser passer le véhicule d’en face…je rappelle aussi que quasiment toutes les voitures ont le volant du mauvais côté (à droite au lieu d’à gauche), ce qui ne facilite pas la visibilité… Bref, la conduite ici, c’est tout un art ! Pindaya se trouve en pleine campagne et nous sommes frappés par la vie agricole qui s’y déploie. Dans un décor de carte postale, au milieu de rizières et de collines, nous voyons les paysans labourer à l’ancienne avec des attelages de zébus, des charrettes à cheval transporter la main d’œuvre dans les champs et des jeunes enfants chevaucher d’énormes buffles. Je fais arrêter le chauffeur pour immortaliser tout cela en répétant « c’est incroyable, c’est incroyable ». Mais si, on dirait bien que nous avons fait un bond dans le passé. Pindaya est une petite ville de campagne avec un centre ville dominé par son marché en bois où le dédale d’ échoppes me fait un peu penser aux puces de St Ouen (dans la vieille partie classée) ; quelques voitures et deux roues circulent mais ce qui frappe c’est la présence de carrioles à cheval qui servent de taxi. La ville est dominée par un énorme temple-monastère construit à flan de montagne, au dessus d’une grotte où l’on peut admirer (et prier) devant des milliers de statues de Bouddhas. Il y en a de toutes tailles, de toutes sortes (dorées, laquées blanc ou noirs, avec ou sans auréoles clignotantes etc), dans toutes les positions (que l’on ne se méprenne pas, tout cela reste bien respectable !) et dans tous les coins et recoins (sur les murs de la grotte, au plafond, dans des niches accessibles uniquement à genoux)…c’est surprenant, intéressant, amusant…et les enfants s’en donnent à cœur joie, se faufilant dans les cachettes. Nous continuons notre trajet en voiture et arrivons à Nyaungshwe, village de base pour le lac Inlé dont le seul défaut est le nom imprononçable. En dehors de cela, l’ambiance est sympathique, routarde (Inlé c’est l’un des grands spots touristiques de la Birmanie) avec des restaurants de pizzas (c’est dire !). Nous allons y rester trois jours : faire du vélo le premier, du bateau le second et du canoë le troisième, avant de prendre un bus pour Mandalay le soir du troisième jour (chouette, encore un voyage de nuit…). Dimanche 8 mai, jour férié et jour de vélo. Après avoir trouvé deux bicyclettes avec un porte bagage sur lequel on aura délicatement attaché une grosse serviette pour ne pas trop endolorir les petits derrières de nos enfants, nous voilà parti avec le programme ambitieux de longer la rive Est du Lac, traverser en bateau et revenir par la rive Ouest. Nous avons en tout et pour tout, deux petits plans donnés par l’hôtel (un de la rive Est et l’autre de la rive Ouest), une boussole et notre fameux sens de l’orientation. Malgré les indications du loueur, nous peinons déjà à trouver la rive du Lac et nous nous faisons balader à droite et à gauche avant de finalement trouver le bon chemin. Il fait grand beau temps, le chemin est joli, nous regardons la vie dans les champs (beaucoup de canne à sucre ici), il y a pleins de travailleurs qui raclent, binent, labourent, sèment…des femmes le plus souvent, avec des jeunes enfants qui gambadent autour (pas de système de crèche apparemment !). Les gens nous sourient et nous font des petits signes de la main « Mingalaba, Mingalaba » (bonjour, bonjour) Je pédale allégrement jusqu’à ce qu’Edgar opère un hold up sur mon vélo et suggère un échange de monture (genre la Grande Vadrouille !) sous prétexte que je suis plus petite que lui et que le guidon de sa bicyclette est trop bas….effectivement, il est bien trop bas et pas que pour lui, d’ailleurs ! …je roule maintenant le dos cassé et j’ai un peu l’impression de m’être fait berner sur ce coup là… Nous finissons par atteindre le lac et le traversons à bord d’un bateau en bois : c’est vraiment très très beau. La surface lisse de l’eau, la lumière parfaite, les jacinthes d’eau à la surface, les maisons en bois sur pilotis, les longues barques en bois des pêcheurs au loin…waouh ! c’est un choc, je suis émue ! Arrivés de l’autre côté du lac, nous sortons les vélos et là, paf, celui d’Edgar (enfin l’ex mien) est à plat ou crevé, on en sait rien. Va falloir trouver un endroit pour réparer. Nous errons un peu dans le village avant de trouver le nécessaire (une pompe quoi). Il est maintenant 11h30, il fait de plus en plus chaud et nous avons hâte de rentrer. Nous passons sur le deuxième plan, celui de la rive Ouest, pensons nous y retrouver et c’est parti. Sauf qu’au bout d’un moment rien ne correspond plus, ni le chemin, ni le plan, ni la boussole. En plus, nous n’arrivons pas à nous souvenir du nom de la ville imprononçable et pas de chance, il n’est noté nulle part sur le plan ! C’est pratique pour demander son chemin…Edgar s’explique avec un Birman juché sur le dos d’un buffle (la photo est géniale !), qui nous envoie à travers de sublimes rizières, nous redemandons notre chemin, nous nous retrouvons à gravir une énorme côte et, alors que je finis à pieds en poussant le vélo avec Adélie sur le porte bagage, transpirant et l’estomac criant famine, Edgar m’accueille en haut en me disant qu’on s’est trompé, que l’on a tout monté pour rien car la ville est de l’autre côté. Là c’est trop pour moi, je plante le vélo sur le bas côté et vais m’asseoir à la table du petit boui boui qui se trouve là. Je n’en peux plus, vite de l’eau et à manger : tout le monde se plie en quatre pour nous sustenter (une soupe de nouilles, excellente d’ailleurs). Bon me voilà calmée, prête à reprendre la route et finalement 20 mn plus tard nous sommes aux abords de la ville, juste avant le gros orage quotidien. Ouf, il était temps ! Mais que de beaux paysages dans la tête… Le lendemain, lundi 9 mai, c’est la grande excursion en bateau. Le lac Inlé fait 22 kms de long sur 11 kms de large, il ne compte pas moins de 17 villages construits sur pilotis et peuplés d’une minorité, les Inthas. Nous embarquons tous les quatre dans une grande pirogue en bois motorisée. Calixte qui n’est pas très en forme est avachi sur son siège, engoncé dans un gilet de sauvetage tandis qu’Adélie trépigne d’impatience son appareil photo en main (à nous deux nous ferons plus de 700 photos sur cette journée !!). Nous avons tout le temps de voir les pêcheurs en action : qu’ils utilisent le filet classique, les nasses ou plus impressionnant, qu’ils frappent la surface de l’eau avec de grands gourdins afin de rabattre les poissons dans des filets posés plus loin, rien ne nous échappe. De plus, les pêcheurs du Lac Inlé ont une façon très particulière de ramer, que l’on ne voit qu’ici, debout avec un seul pied ! Je m’explique, l’homme est debout, un pied sur le plat-bord arrière du bateau et l’autre pied au dessus de l’eau, tenant la rame. Il godille ainsi avec sa jambe enroulée autour de la rame et garde ses deux mains pour lancer le filet ! C’est très spectaculaire et nous les mitraillons sous toutes les coutures… Notre bateau se promène à travers les villages sur pilotis, nous permettant d’approcher la vie quotidienne de ses habitants : scènes de lessives, de bain, de vaisselle, d’enfants jouant dans les pirogues ou s’entrainant à pagayer, de personnes âgées devisant sur le pas de la porte…et encore bien d’autres scènes sont scrupuleusement archivées dans mon répertoire photos ! Le Lac Inlé est également fameux pour ses marchés très colorés, qui tournent de village en village. Là encore, je me lâche sur quelques belles séries de photos « ethniques »… Mais Calixte ne va pas mieux : il est maintenant brulant de fièvre et montre des signes de diarrhées (c’est pratique sur un bateau…). Heureusement, nous investissons les toilettes d’un monastère juste à temps ! Nous l’installons le plus confortablement possible dans le bateau sous un parapluie pour le protéger du soleil (il va mieux maintenant, rassurez vous, nous lui avons donné des médicaments à notre retour) et il chantonne dans son coin… Visite, l’après midi d’un monastère dit « jumping cat monastery » où les moines s’illustrent en apprenant à des chats à sauter à travers un cerceau...un peu bizarre mais ça amuse les enfants (Calixte retrouve un semblant d’intérêt à ce moment précis) et surtout, le monastère, tout en bois, possède un charme particulier qui nous touche. Et tout autour du monastère, de très grands potagers flottants avec essentiellement des plantations de tomates qui feraient pâlir d’envie quelques jardiniers que je connais dans la région d’Abbeville ( !!). Nous rentrons en début d’après midi, cette fois encore avant l’averse diluvienne que nous regarderons du haut de notre terrasse, pendant les cours donnés aux enfants. Encore une bien belle journée ! Mardi 10 mai : une pensée pour mon frère Charles-Louis qui a 37 aujourd’hui (pourvu qu’il ait reçu à temps notre carte expédiée du Cambodge il y a plus d’un mois) ! Journée tranquille normalement, puisque nous nous sommes entendu avec le jeune homme employé de l’hôtel et qui fait aussi des promenades en canoë, pour qu’il nous emmène en début d’après midi. Le bus est à 18h, nous partons à 12h30 avec l’espoir de rentrer vers 15h30 afin d’avoir tout le temps d’aller ensuite récupérer le bus à 11kms de là. A la différence d’hier, où nous étions sur le lac dans un bateau à moteur, nous sommes aujourd’hui à bord d’une pirogue à fleur d’eau, avec le petit jeune homme qui rame le long de petits canaux qui serpentent entre les potagers et les maisons. C’est calme et notre guide nous gratifie de la fameuse façon de ramer avec les pieds propre à la région. Il fait beau et nous comptons sur un brin de chance pour que la promenade se fasse sans averse. Peine perdue, la pluie s’abat soudainement et nous avons juste le temps de nous réfugier à l’abri d’un monastère planté au milieu des rizières, où nous sommes accueillis à bras ouvert par le seul moine des lieux, manifestement ravi d’avoir de la visite ! Il nous amène des bananes, nous prie de faire le tour des lieux, de photographier la vue sur les rizières et mobilise toutes ses connaissances des personnalités françaises pour nous amuser : « Nicolas Sarkozy ! Jacques Chirac…. » Nous avons ainsi droit à la liste anté chronologique des dirigeants français jusqu’au maréchal Pétain !! Incroyable ! Il nous fait même une imitation de De Gaulle « Français, Françaises », nous fait revivre le 3-0 du France Brésil de 1998, nous parle de Brigitte Bardot, du Maréchal Foch, du Mont St Michel, de la Tour Eiffel…. Il est vraiment très drôle et chaleureux. Nous faisons pleins de photos de lui avec les enfants et toute la famille et finissons par écrire un mot sur le livre d’or du monastère. Nous avons passé un excellent moment ici mais la pluie s’est calmée et nous reprenons notre visite. Pas pour longtemps puisqu’un quart d’heure plus tard, rebelote, la pluie redouble de violence et c’est sous la tôle ondulée d’un stupa, lui aussi au milieu des rizières, que nous attendons plus d’une demi heure avant de décider, l’heure passant (nous avons un bus à ne pas louper) de partir malgré tout. A l’arrivée, le pauvre petit rameur est bien sûr trempé jusqu’aux os tandis que nous ne valons pas beaucoup mieux malgré nos Kway et parapluies… Une douche rapide et quelques vêtements secs plus tard, nous avons juste le temps de monter dans le taxi qui nous conduit à l’arrêt de bus : direction Mandalay…

6 commentaires:

  1. Merci de nous avoir vite rassurés pour Calixte, j'espère qu'il a retrouvé sa forme. Quelles reporters, 700 photos !
    Bon courage pour les prochaines expéditions !
    Tante B.

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  2. Nous venons de retrouver Internet (après avoir supprimé le routeur wifi et une longue intervention téléphonique de Numéricable) juste pour lire vos dernieres aventures qui nous laissent toujours un peu inquiets. On sait que vous retrouvez toujours votre chemin puisque le post est envoyé ultérieurement! Comment vont Calixte et Edgar? Affection M et N

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  3. Bravo Lulu pour ton long récit plein de détails.Calixte est peut-ètre un peu fatigué avec toutes ces aventures!!!!Charles-Louis a bien reçu la carte pour son anniversaire,vers le 2 mai, il etait très content.Prenez soin de vous,Bisous Grand Maman

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  4. Famille Galopin12 mai 2011 à 14:21

    Est-ce que j'ose ? Eh bien, ici il ne pleut pas ! Et évidemment où moment où je l'écris, je croise les doigts, donc autant dire que j'ai beaucoup de mal à écrire !!

    On pense fort à vous ; ça a l'air merveilleux !
    Bises à vous tous.

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  5. Famille ARQUIER12 mai 2011 à 21:35

    Vivement les photos !! ça commence à manquer finalement. La grotte des bouddhas, ça devait être qq chose. Les paysages nous renvoient ceux du Vietnam (je ne vous ai pas raconté qu'à vélo, j'ai failli m'emplafonner un buffle au milieu des rizières...).
    Continuez à nous faire rêver, et prenez soin de vous ! Carole & cie

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  6. et un guide ? vous avez pensé a faire le guide du voyageur intrépide ?
    On vous embrasse
    Sophie&Dan (et les boys qui s’étripent à côté)

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