vendredi 27 mai 2011

Séjour balnéaire à Ngwe Saung

Vendredi 20 mai : nous quittons Le Rocher d'Or pour 4h de route en bus vers Yangon. C'est un bus tout à fait normal qui nous mène sans encombre à la grande ville (Yangon n'est plus la capitale depuis quelques années, ainsi en ont décidé les militaires, même si elle reste, économiquement, la ville la plus importante). De là, comme il est encore tôt (12h), nous décidons d'avancer un peu et d'aller jusqu'à Pathein, troisième ville du pays et ville étape sur la route des plages.
Nous y arrivons en début de soirée et nous installons dans un hôtel du centre. Tous les guides le disent, l'hôtellerie à Pathein n'est pas terrible.
 Effectivement, nous choisissons, dans celui qui parait être le plus propre, une chambre familiale pour 25$, sans eau chaude et sans petit dej, ce qui est très cher pour le pays (on trouve des chambres à moins de 20$ avec petit dej inclus et eau chaude bien sûr).
Lorsque nous montons nos bagages et ouvrons la porte de la chambre, un chat se faufile entre nos jambes et nous ne tardons pas à découvrir qu'il s'est « oublié » sur l'un des lits ! Un grand rond humide l'atteste clairement. Edgar prévient donc la réception. Branle bas de combat : on nous envoie un petit gars d'une douzaine d'années, armés de draps propres et d'une bombe désodorisante. Il enlève les draps souillés, découvrant un matelas constellés de tâches diverses (le concept même d'alèze est ici totalement inconnu) et, hop, ni une ni deux, le retourne prestement, vaporise un petit coup, refait le lit avec les draps propres et le tour est joué ! On se regarde un peu écœuré et la grande question se pose : qui va dormir dans ce lit ??

Le lendemain matin, petit tour de ville rapide. Pathein est une ville agréable au bord d'une rivière, où règne une activité portuaire relativement importante. Nous nous attardons sur le marché où des vendeuses de fruits, toutes contentes de voir les enfants, nous offrent pleins de petites baies jaunes délicieuses. Un jeune étudiant parlant anglais nous fait la traduction. Tout le monde est souriant et avenant, c'est bien agréable !
Finalement, c'est décidé, notre prochaine destination sera la plage de Ngwe Saung plutôt que celle de Chaungtha, plus populaire et moins jolie parait il. Notre hôtel nous ayant indiqué que le bus pour Ngwe Saung (prononcer « Ouessangue »…oui, c'est pas évident, je sais, mais une grande partie des noms birmans sont imprononçables pour les occidentaux) part à 11h, nous voilà partis en cyclo pousse pour rejoindre la station de bus locale.

Nous y débarquons, dans la boue, largement à l'avance : il est 10h. Mais le vendeur de billets commence par nous dire que le prochain bus est à 13h… Celui de 11h a apparemment disparu du planning. Super, plus que 3h à attendre ici !
Puis il nous annonce les prix : 4000 K, ce qui nous parait bien cher. Effectivement, un papy local me glisse à l'oreille « be careful : normal price 2000K ». Edgar part à l'attaque, se fâche, le gars ne veut rien savoir et campe sur ses positions. Edgar, furieux, sort de la station de bus pour essayer de trouver un autre moyen (pick up, taxi) de nous rendre à Ngwe Saung.
De mon côté, je m'installe prudemment en retrait à la terrasse d'un petit boui boui, où les enfants jouant à la D.S, attirent bien vite une foule de curieux.
Lorsqu'Edgar revient, il n'a pas trouvé d'autre moyen de transport ou alors trop cher et je le sens prêt à changer de destination pour ne pas avoir à traiter avec ce vendeur de billets. Du coup, je m'y colle, fais un peu l'imbécile qui n'a pas bien compris les prix, insiste, re-insiste, lui tends une mauvaise somme d'argent et finalement, Ô miracle, il lâche les places à 3000K ! Yes ! C'est pas pour la somme (3€) mais pour le principe (c'est pas parce qu'on est des touristes qu'il faut exagérément se sucrer sur notre dos).

Maintenant que nous avons les places en poche (les 4 juste derrière le chauffeur, parait que c'est les meilleures), je m'attarde à détailler le bus en question, stationné devant la cabane en bois qui sert de bureau de vente (Papa, ta cabane de jardin a bien meilleure allure !).
C'est un antique engin des années 50-60, une carcasse en fer, sans capitonnage, avec 4 roues, quelques sièges à l'intérieur et un large espace vide en bout de bus servant au transport de marchandises.
 Car, en effet, le chargement a commencé : sacs de riz jusque dans le couloir entre les sièges, casiers de bouteilles, sacs et ballots divers à l'arrière…les passagers  s'installent sur les sièges ou sur les sacs de riz. Un homme monte avec son canard vivant enroulé dans une serviette et une fois tout le monde installé, deux bidons de pétrole sont chargés à l'avant du bus, juste devant nous, dont l'un en équilibre sur les marches, bloquant en partie l'accès (toute personne souhaitant descendre du bus devra désormais se contorsionner pour arriver à en sortir…).
Le tableau de bord, recouvert d'une épaisse poussière, est réduit à sa plus simple expression et le pare brise a un énorme trou (mais pas côté conducteur…).Edgar trouve ça drôle, moi, moins…je me demande si nous allons arriver à destination tous en vie (bon, pas de suspens : la réponse est oui !).
A 13h, le bus se met en branle, dans un gros bruit de pot d'échappement et avec un nuage de fumée qui rendrait fou tout militant écologiste : c'est parti !
500 mètres plus loin, première halte : nous chargeons 4 énormes pains de glace sur le toit du bus (il fait au moins 42 au soleil). Je n'ai toujours pas compris si c'était un moyen de  rafraichir la carlingue (une sorte d'air conditionné !) ou si réellement quelqu'un espérait la livraison de la glace après plusieurs heures de route en plein soleil…c'est incompréhensible…Bref, nous repartons et nous nous arrêtons 1km après : cette fois, un bruit suspect inquiète le chauffeur qui descend et voit avec le « mécano-manœuvre » du bus. Ca cafouille un peu et ça repart pour 200 mètres où, là, arrêt complet en plein soleil : le bruit est vraiment affreux, le moteur crache, tousse, bref, c'est mauvais signe.
Nous allons rester ainsi plus de 2h sur le bord de la route (tous les passagers ont finis par sortir du bus, écrasés par la chaleur) attendant la réparation de l'engin. Pendant ce temps là, les pains de glace fondent et coulent le long des rétroviseurs du bus, formant une petite douche régulière à laquelle viennent s'asperger les enfants !
Une fois la réparation effectuée, l'équipage reprend la route, qui elle est toute récente (la station balnéaire de Ngwe Saung a été «ouverte » au tourisme en 2000 et pour l'occasion, la route a été refaite).
Quelques arrêts à différents villages afin de se délester des divers chargements et nous arrivons vers 18h, sous une violente averse (il est clair que la saison des pluies a commencé avec son averse quotidienne souvent en fin de journée, le reste du temps il fait beau et chaud).

Nous trouvons un bel hôtel cette fois, avec des bungalows sur la plage mais un peu loin du village ce qui déplait toujours à Edgar. Cependant les enfants et moi sommes enchantés, la mer est devant nous, la plage de sable est belle, bordée de cocotiers. Nous sommes ravis de prendre un peu de repos après ces derniers jours intenses et fatigants.
Les enfants se font des petits copains birmans avec lesquels ils jouent dans les vagues ou chassent les Bernard Lhermitte. Nous sommes heureux de les voir si à l'aise, s'exprimant par gestes ou avec des petits mots d'anglais, eux qui, au début du voyage, n'osaient pas aborder les autres enfants.
En se promenant dans le village, Edgar fait la connaissance d'un jeune birman conducteur de moto-taxi, parlant très bien anglais et qui propose de nous emmener visiter les environs en moto. Rendez vous est pris pour le lendemain.

Lundi 23 mai matin, il fait un temps magnifique et nous partons donc sur deux motos avec chauffeur pour une grande promenade sur la plage (c'est génial de rouler sur le sable avec la mer d'un côté, les cocotiers de l'autre) et on adore sentir le vent dans les cheveux (surtout moi). La phrase précédente est une périphrase bien utile (car nous avons un peu honte) pour vous dire que nous avons pris quelques liberté avec la sécurité car ici pas de casques disponibles !
Nous roulons ainsi, cheveux au vent donc, jusqu'à un site assez éloigné où l'on peut admirer, directement sur le sable, trois gros rochers surmontés de petites pagodes dorées au sommet. L'endroit est désert, pas de route ni de construction, juste, en arrière plan, une petite cabane de paille où vit une famille. Les enfants du coin ont tôt fait de nous rejoindre autour des rochers et de jouer avec Calixte et Adélie (la pêche de bigorneaux et autres coquillages vivants semble assez fédératrice pour cela).
L'endroit est vraiment sublime (et à ce titre largement photographié par nos soins) et il parait incroyable de ne pas y voir un hôtel ou un restaurant quelconque. Devant cette remarque, notre guide nous explique qu'il y aura certainement d'ici quelques années un hôtel car un membre du gouvernement vient d'acheter ce terrain…

En fait, ce qui est surprenant à Ngwe Saung, c'est qu'il s'agit d'une « station balnéaire » créée de toute pièce, par la volonté du gouvernement birman qui souhaitait développer le tourisme. La quasi-totalité des hôtels, beaucoup de grosses structures haut de gamme (inaccessible aux locaux), appartiennent à la junte (sauf celui où nous logeons !) et datent, pour le plus vieux, de l'année 2000. Les routes sont flambant neuves mais apparemment cela n'a pas suffit, les touristes ne sont pas assez nombreux car déjà plusieurs hôtels en bord de plage sont abandonnés et en ruine. Mais il est certain, vu la beauté des sites encore vierges, que le potentiel touristique de l'endroit est fabuleux. Mais pour cela il faudra attendre que le pays se démocratise et que le tourisme y explose…

Nous quittons la plage des trois Pagodes pour continuer vers un îlot rocheux où vivent des serpents de mer. Effectivement, nous en apercevons un, lové dans les rochers et nous gardons bien d'aller le taquiner car cette espèce est très dangereuse (je ne lâche pas la main de Calixte qui est toujours très tenté lorsqu'il s'agit d'aller voir des bestioles). C'est d'ailleurs au moment où nous nous apprêtons à remonter sur la moto que Calixte se met à se trémousser en poussant de petits cris. Nous devons le déshabiller avant de trouver le fautif : un Bernard l'Hermite vivant qu'il avait fourré dans sa poche et qui maintenant pour en sortir n'hésite pas à pincer autant qu'il peut !

Nous finissons notre équipage par la visite d'un village au milieu d'une immense palmeraie. Le petit chemin en terre qui serpente entre les rizières et les cocotiers est très pittoresque. Petite halte dans le village pour boire un jus de noix de coco frais que l'on nous prépare sous nos yeux. A la sortie du village, nous montons en haut de la colline où est construit un stupa doré, tout scintillant. De là, nous avons une superbe vue sur les rizières bordées de bananiers et de cocotiers (bientôt vous verrez les photos, patience !). Nous rentrons à l'hôtel, plus que ravis.

Nous restons finalement quatre jours pleins ici, profitant des joies de la plage (enfin surtout les enfants et moi car Edgar trépigne toujours un peu lorsqu'il est dans ce genre d'endroit), louant des motos (ici curieusement, nous avons eu le droit de le faire alors qu'ailleurs en Birmanie, c'était interdit aux étrangers) et nous promenant dans les alentours.

Nous visitons ainsi deux petits villages  loin de la plage, dans la  montagne environnante. Ici, le décor change du tout au tout : c'est une véritable jungle qu'il nous est donné de voir avec des arbres énormes, un fouillis inextricable de feuillages, buissons, arbustes…la nature utilisant toute la palette des verts, du plus clair au plus foncé.
Les villages sont composés pour la plupart de maisons en bois et/ou paille, très sommaires, sans eau courante bien sûr (il y a généralement un puits au milieu du village) et pas souvent d'électricité. Nous nous promenons sous les regards curieux et amusés. Les enfants rient et nous font des petits signes, d'autres nous suivent. Comme partout en Birmanie, femmes et enfants sont fardés de blanc sur le visage (ils utilisent du bois de santal censé protéger la peau du soleil mais c'est aussi une sorte de maquillage) qui, selon la quantité appliquée, les font parfois ressembler à des fantômes (là aussi photo obligatoire !).
Dans l'un des villages, nous photographions des petits garçons jouant avec des voitures en bois fabriquées par leurs soins. Fixées au bout d'un bâton, les enfants les poussent (les roues fonctionnent) et il y a même un petit volant pour la direction. C'est malin, ingénieux et finalement amène les mêmes disputes que chez nous avec des jouets plus sophistiqués (on assiste à une grosse colère d'un petit garçon voulant utiliser une voiture n'étant pas la sienne …).
 Dans l'un des villages, un monsieur vient me chercher et veut que je le suive : je comprends qu'il veut me montrer un bébé de 2 jours ou de deux mois je ne sais pas bien (il me fait signe deux avec ses doigts). Lorsque nous arrivons devant sa cabane, c'est en fait des jumeaux qui sont là, tout emmaillotés, avec leur maman. Celle-ci, toute fière, prend la peine de me prouver que se sont deux beaux garçons (ok ok je vois !). Il y a là aussi le grand frère ainé et toute la petite famille qui veut que je les photographie ce dont je ne me prive pas (et nous nous sommes arrangés ensuite avec notre guide sympa de la veille pour lui envoyer les photos par poste et qu'il les leur amène). Nous repartons sous les sourires et les « bye bye » des villageois.

Le dernier jour est plus cool. Nous gardons une seule moto (à quatre dessus, toujours cheveux au vent) pour aller facilement de notre hôtel éloigné au village. Bien sûr, ce n'est pas confortable du tout : Calixte écrasée devant, Edgar conduisant, Adélie en sandwich et moi au bout, une bonne partie de mon arrière train dans le vide…mais c'est mieux que rien et cette belle brochette fait bien rire les birmans que l'on croise !!
Nous faisons une belle journée plage, ensoleillée où l'on peut tout à loisir observer les coutumes locales. Car la vie sur la plage est assez intense : entre les motos qui passent régulièrement, les charrettes en bois tirées par des zébus ou les pêcheurs s'affairant toute la journée au bord de l'eau. Ces derniers sont particulièrement remarquables : de l'eau aux mollets, avec leur longyi (jupe birmane) mouillé, leur chapeau de paille et leur filet dans les mains, ils sont aux aguets (dans la position d'un chat ayant vu une souris et s'apprêtant à lui fondre dessus), fixant les vagues à la recherche de poissons. Dès qu'ils en repèrent un, ils lancent leur filet (un épervier plus précisément) pour le capturer…et ça marche, incroyable…c'est le genre de chose qui me dépasse ! Il y a là aussi quelques belle photos de ces élégants pêcheurs (j'avoue j'ai un faible pour les Birmans en jupe !)

Voilà donc notre beau séjour en Birmanie qui se termine, si riche en paysages et en visages souriants : nous reprenons un bus direct le 26 mai, pour Yangoon, notre avion étant le 27 au soir.
Nous en profiterons pour visiter la Botahtaung pagoda qui contient un cheveu de Bouddha ainsi qu'une belle statue en bronze et ferons quelques achats au marché central.

Prochaine étape : Bali via Bangkok (où nous allons passer une superbe nuit à l'aéroport, notre avion arrivant de Yangoon dans la soirée du 27 et celui pour Denpasar étant très tôt le 28).


PS : un grand merci à tous ceux qui m'ont envoyé des messages à l'occasion de mon anniversaire. C'est difficile d'y répondre directement par mail vu les difficultés d'accès mais soyez certains qu'ils furent grandement appréciés !!

@ Flo : tu as raison le rocher d'Or n'est pas accessible aux femmes ! Edgar et Calixte sont allés le toucher en nous narguant alors qu'Adélie et moi étions cantonnées derrière le panneau « Ladies are not allowed » (partout la dure loi du sexisme !) Mais, bon, on l'approche quand même suffisamment près pour bien en profiter !



7 commentaires:

  1. Vos normes de sécurité baissent de jour en jour,il est temps que vous retrouviez un pays avec d'autres standards! Adélie et Calixte reviendront sachant l'anglais basique, peut être ajoutez-vous cette langue à leur programme scolaire? Nous avons bien ri de l'assaut du bernard-l'hermite sur Calixte. Baisers. M et N

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  2. Etant doté de la même configuration capilaire qu'Edgar, j'attends avec impatience la photo de la chevauchée cheveux aux vents !!

    Amitiés et bonne route
    Franck L

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  3. Merci Lucile pour ces récits palpitants (moto à 4...). Je vous imagine au retour ouvrant un cabinet de consultant en négociation/médiation et gestion. Calixte a-t-il une photo avec son gros bernard lhermite ?
    Amitiés - Tante B.

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  4. Famille Galopin27 mai 2011 à 16:53

    Je suis d'accord Franck L. Moi aussi, ça me tarabuste cette histoire, vivement la photo !
    Lucile, j'ai cru un instant que t'étais lancée dans la mécanique du bus ;-)... Autant dire que mon admiration était à son maximum !

    Bises à vous tous,

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  5. décidemment il y a chaque jour des surprises avec les moyens de transport. Vous pourriez en faire un catalogue, avec tous les incidents et anecdotes... nous sommes à chaque nouveau blog rassurés de voir que tout le monde est encore en forme, selon moi,il est temps que la birmanie se termine, Nous attendons les photos avec impatience, maintenant que tout s'est bien déroulé ... bises à tous tatie cecile

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  6. les Vincennois28 mai 2011 à 09:24

    oui, oui... une photo du bernard lhermitte et de Calixte !
    bises - Laurence, André, Nicolas et Marguerite

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  7. Et une photo de la brochette motorisée!

    Christine.

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