samedi 11 juin 2011

Java, Mont Ijen : les forçats du soufre

Mardi 7 juin, nous partons pour une longue journée de voyage entre Bali et Java. 
Nous quittons Ubud en taxi à 7h30 et prenons, dans la foulée, un bus à Denpasar à 8h30 (où l'on se rend compte que les bus birmans n'ont pas l'exclusivité de la vétusté)
Mauvaise surprise, il est encore autorisé de fumer dans les transports publiques en Indonésie
Je râle mais que faire? C'est pas moi qui vais changer la loi aujourd'hui!
Au premier arrêt, une cohorte de vendeurs ambulants prend le bus d’assaut... On nous propose de tout, des boulettes de tofu aux lunettes de soleil en passant par du raisin et des crayons de couleur!
Tout ce petit monde se bouscule pour avoir accès aux clients potentiels (c'est à dire nous, coincés dans nos sièges et si  vulnérables!)...bref,c'est la franche pagaille 

Quelques centaines de mètres plus loin, le bus décharge cette fournée de vendeurs et c'est une autre qui prend place...
Nous avons même parfois droit à de petites sérénades à la guitare. Bref, c'est la Java (jeu de mot facile mais merci quand même à Mathilde qui comprendra)
une petite traversée en ferry et nous voilà de l'autre côté, sur l'île de Java...
De là, encore quelques heures de route jusqu'à Jember où nous trouvons place dans un mini bus qui nous emmène à toute vitesse (un malade le conducteur) à Bondowoso. Nous voilà arrivés, il est 17h.
Bondowoso est une petite ville de province et ville de départ de la plupart des excursions pour le volcan Kawah Ijen, objectif de notre périple du jour. Au petit hôtel où nous logeons, on nous organise tout ça : départ 4h du matin (sic!) et 2h30 de route en 4x4 jusqu'au sentier qui monte au volcan. Nous nous mettons d'accord pour prendre notre petit déjeuner avant de partir à 3h30 et filons nous coucher tôt pour être "en forme" le lendemain.
Le réveil sonne à 3h15, les enfants ronchonnent (forcement c’est pas des horaires normaux non plus!), on saute dans nos habits et je sors de la chambre en éclaireur...L'hôtel est plongé dans la nuit, totalement silencieux, pas âme qui vive s'activant à la préparation de notre petit déjeuner. Je réveille le veilleur de nuit, endormi sur un banc dans la cour et qui me regarde éberlue comme si j'étais un fantôme. Je lui demande "breakfast, breakfast??"..."it's time, it's time" (on croit toujours qu'en répétant deux fois les mots, les gens vont comprendre plus vite mais ça n'est pas toujours le cas) dis je en brandissant ma montre sous son nez.
Il me fait non non de la tête, m'expliquant quelque chose en indonésien que je ne saisis pas. Nous sommes dans une impasse mais s'il croit que je vais partir sans mon petit déjeuner!
 Entre temps les enfants m'ont rejoint et Edgar ne va pas tarder.Je repars donc à l'attaque en tapant sur mon bracelet montre : "breakfast before going to Ijen...it's time, it's time"
Il ne veut toujours rien savoir et secoue la tête de plus belle "no, no" dit-il en me montrant la pendule accrochée sur un mur. Et là, je vois 2h30 et non pas 3h30 du matin! Nous n'avons tout simplement pas intégré le chan horaire en arrivant ici, soit 1h de moins!!
Je repars honteuse en m'excusant platement et nous attendons une heure dans la chambre, bien réveillés maintenant!!
Le trajet en 4x4 est mémorable sur une route de montagne étroite et très mauvaise

mais nous sommes tout excités de voir se profiler la silhouette du mont Ijen à l'horizon : c'est notre premier volcan en activité.
Le Kawah Ijen (cratère vert en javanais) culmine à 2386m et produit du soufre qui est extrait sous forme de minerai et transporté à dos d'homme depuis le cratère.
Il est 6h du matin, il fait  13°C et les enfants se réchauffent autour du feu de la gargotte située à l'entrée du parc

Avant de commencer les 3kms de montée jusqu'au cratère du Volcan. Ca grimpe dur mais nous avons la forme maintenant et Adélie et Calixte font l'admiration de nombreux touristes parfois plus à la peine qu'eux.
Des paniers contenant du soufre jalonnent le chemin (les porteurs se relaient tout au long)
Ballets de porteurs, certains chargés (à la descente), d'autre les paniers vides (à la montée)
et quand c'est un peu trop raide, il y a toujours la fameuse traction papa!
La montée dans les arbres et entourée de montagnes se découpant dans le ciel azur:
 
 Calixte est subjugué par les cailloux jaunes, qu'il ramasse sur le chemin:
En haut, d'un côté la vue sur un "lit de nuages":

De l'autre, le fabuleux cratère du volcan que nous découvrons ainsi:
A l'intérieur, un lac bleu turquoise, le lac le plus acide du monde, d'où des vapeurs de soufre s'élèvent régulièrement
c'est vraiment impressionnant:
Dans un autre genre,Adélie aussi est magnifique!
zoom sur les parois du cratère:
Le contraste des couleurs est joli
mais c'est un véritable travail de forçat qu'effectue ces hommes, remontant du cratère plus de 70kg, dans les vapeurs de soufre néfastes à haute dose. Nous décidons de tenter la descente jusqu'en bas pour se rendre compte des vraies conditions d'extraction (en revenant à l'entrée du parc, nous découvrirons un grand panneau écrit en français "il est absolument INTERDIT de descendre dans le cratère", bon, je vous assure que nous ne l'avions pas vu...):
 
Le chemin est vertigineux, rocailleux et glissant:
La marche est périlleuse et difficile avec ce poids
On ne peut qu'être admiratif devant ces hommes:

Les enfants sont impressionnés par la rudesse du travail et posent beaucoup de questions, même si au bout du compte, l'aspect ludique reprend vite le dessus!
De mon côté, je ne peux m'empêcher d'admirer l'esthétique de l'ensemble:
de plus près(j'adore cette photo):
Et voilà, Edgar et Calixte presque arrivés en bas (ce sont eux les deux petits points noirs à droite!)
 

 Nous y sommes donc dans ce cratère, au bord du lac acide, là où le minerai est extrait, dans des conditions qui laissent songeurs:
 les vapeurs de soufre sortant du volcan sont canalisées dans des tuyaux, puis concentrées dans des tonneaux:
 les hommes travaillent avec le minimum de protection (un masque et parfois des gants)

 Le soufre sortant à l'état liquide se cristallise très vite, formant des concrétions qui sont ensuite cassées à coup de barre à mine
 avant d'être chargés dans les paniers en osier et remontés:
 le soufre colore tout l'environnement immédiat:

 Juste après la remontée du cratère et avant la descente dans la vallée, se trouve le poste de pesage:
 Les porteurs sont en effet payé au poids de soufre remonté : 600 rupiah par Kg
  Les yeux rivés sur la balance, ce jeune porteur peut déjà estimer son salaire du jour: 70kg de soufre, deux remontées par jour soit 84 000 rp, l'équivalent de 8 euros...
 La pesée terminée, reste à redescendre, dans un train d'enfer, le chemin qui mène à la vallée.
 Pour nous aussi mais de manière bien plus bucolique et en prenant soin de bien s'imprégner du paysage :
Lorsque nous rentrons à l'hôtel en début d'après midi, nous sommes encore sous le choc de cette expérience : éblouis par la beauté du volcan mais aussi touchés par la vie incroyable de ces porteurs. C'est de l'avis de tous, l'une des journées les plus intense de notre voyage...

Le soir, petit tour dans Bondowoso, où une sorte de fête foraine bat son plein.
Calixte remarque un stand incroyable qui vend des Bernard l'Hermite dans une coquille en plastique de couleur...Une petite maison en plastique sert de sac pour le transport des bêtes:

Retour à l'hôtel (toujours pas d'eau chaude), préparation des sacs à dos pour le départ du lendemain....ah, apparemment, nous avons de la visite!!
Départ demain donc pour un autre volcan, lui aussi en activité, le mont Bromo....

6 commentaires:

  1. Magnifique expérience que la descente dans ce volcan! mais ne négliger pas la sécurité....L 'odeur du souffre n'était-elle pas dérangeante??Bises Grand Maman

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  2. les Vincennois12 juin 2011 à 08:04

    Impressionnantes ces photos : paysages, dure vie de ces hommes. On a presque l'impression de sentir l'odeur du souffre...
    J'aime bien aussi la photo de Calixte contemplant les Bernard l'Hermites en plastique !
    Quant à votre "visiteur du soir".... rien que de le voir....
    bises
    Laurence, André, Nicolas et Marguerite

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  3. c'est terrible , la vie de ces hommes , quel fatigue et quelle prise de risque pour 8 euros par jour... Ici, nous avons un ministre (philosophe!) qui reçoit 4500 euros chaque mois de l'universite, sans y avoir jamais mis les pieds... ainsi va la vie...
    très attendrissante la photo de calixte et des bernard l'hermite, c'est une longue histoire qui continue entre lui et ces animaux.
    soyez prudents avec les volcans (je viens de regarder un film catastrophe sur le réveil d'un volcan, je suis un peu influencée...)Je vois que Adélie et calixte sont devenus de sacrés marcheurs, ils pourront accompagner leur grand-père d'Abbeville dans ses randonnées ....

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  4. Erreur d'une d'heure... ça me rappelle ce qui était arrivé à une certaine personne suite à la blague malicieuse d'une certaine Lulu. Alors, ça fait quoi de se tromper d'une heure ? J'imagine que tu as du te sentir bien seule quand tu t'es rendue compte de ton erreur.
    J'admire vraiment Adélie et Calixte qui sont décidément de grands explorateurs courageux, toujours prêts à crapahuter. Ces paysages sont tellement beaux, mais un peu ternis par ces conditions de travail inhumaines.
    bisous
    jojo

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  5. Famille Galopin (enfin, la mère)14 juin 2011 à 13:56

    Magnifique ! Cette couleur est surréaliste et je comprends que cette journée vous ait marquée... Calixte, as-tu demandé à ta maman pour rapporter un petit bernard l'hermite, si mignon ?

    Je vous embrasse fort tous les 4 !

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  6. bjr nous rentrons fin janvier de ce magnifique pays qu 'est Bali mais nous n avons pas pu faire le mt ijen c t interdit car fermé pour activité sismique.dommage.en contre parte nous avons fait le mt batur sur Bali c t genial.votre blog fait un peu regretter ctte visite mais en meme temps on a l impression de le le faire avec vous.bons voyages futurs.

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