Trois jours inoubliables dans le parc national d’Ujung Kulon

Nous quittons Yogyakarta le 13 juin vers 15h par un bus de nuit qui doit nous amener à Jakarta le lendemain matin tôt. Nous avons en effet l’intention d’y louer une voiture, de filer de suite à l'Ouest, sur la plage de Carita puis, surtout, au  parc d’Ujung Kulon à l’extrême sud ouest (là, il faut vraiment faire comme Raphaelle et Simon et regarder un atlas parce que sinon ça devient compliqué à suivre !). D'ailleurs, ceux qui regarderont un atlas pourront remarquer que le volcan Krakatau, dont l’explosion en 1883 fut une des plus violentes des temps historiques, est juste en face de Carita.

Ce qui devait être relativement facile, se complique d’heure en heure puisque, au lieu d’arriver à Jakarta à 6-7h du matin, nous n’y arrivons qu’à 10h (panne de 2h, changement de bus en pleine nuit puis arrivée dans les embouteillage de Jakarta) et que au lieu de nous laisser au centre de la ville, proche de la grande rue des loueurs, le chauffeur n’a rien compris et nous laisse dans un terminal complètement excentré…

Voyant sur une carte que nous ne sommes pas loin de l’aéroport, nous nous disons que l’on y trouvera très certainement des loueurs de voitures et que cela nous évitera de retourner dans Jakarta (ville tentaculaire, connue pour ses embouteillages et sa pollution). 

Après avoir péniblement trouvé un taxi au bout de 3/4h et avoir lutté contre tous les escrocs qui voulaient nous emmener à l’aéroport pour 300 000 Rp (au lieu des 45 000 Rp que la course taxi nous aura finalement coutée …les javanais qui gravitent autour des transports sont très filous…), nous arrivons enfin à l’aéroport et là, stupeur : il n’y a qu’un seul loueur de voiture sans chauffeur et encore, à un tarif dissuasif… nous sommes donc bien obligés d’aller dans Jakarta, soit à nouveau 1h de bus public puis 30mn de marche (avec les sacs à dos) de la station à la rue commerçante.

Et là, rebelote, impossible de louer facilement une voiture sans chauffeur, manifestement, ça ne se fait pas !

Il est 15h, nous sommes découragés et fatigués et nous ne savons pas comment continuer notre voyage. Nous prenons donc un hôtel et décidons finalement le lendemain, de nous rendre à Carita en bus (on adore les bus….) et de voir là bas.

Carita n’est pas loin de Jakarta mais c’est encore une véritable expédition avec des changements, des taxis collectifs pour les derniers kms qu’il faut négocier etc etc…

Nous nous faisons démarcher par un « guide », prévenu par le vendeur de billet du bus et monté en cours de route, qui déloge notre voisin pour s’asseoir à côté de nous et vendre sa prestation pour le fameux parc d’Ujung Kulon que je tiens tant à visiter…Nous n’apprécions pas tellement sa démarche cavalière mais notons ses coordonnées au cas où… Nous arrivons donc à Carita dans l’après midi et avalons, sur la plage, notre repas de la mi-journée à 16h… (les enfants sont vraiment de bonne composition !).

Nous faisons enfin une bonne rencontre en la personne d’Anas, qui travaille dans l` hôtel - restaurant où nous déjeunons,et qui nous fait une proposition alléchante, mais très chère, pour 3 jours d’excursion dans le parc national.

Après une journée d’argumentation et une petite renégociation du prix, je finis par avoir raison auprès du contrôleur de gestion qui accepte de casser (euh pulvériser!!!) notre tirelire pour nous offrir ces 3 jours exceptionnels. Accord conclu donc: nous partirons avec Anas vendredi 17, retour dimanche 19 au soir…

Nous encadrons cette sortie de deux journées glandouille-repos (jeudi 16 et lundi 20) sur la plage de Carita, surtout fréquentée par les touristes locaux. 

Cela se remarque facilement au fait qu’il n’y a que nous comme visages pâles à l’horizon, que les plages sont grouillantes de camelots divers et d’une propreté toute relative,

 

  Par ailleurs,personne ne se baigne en maillot de bain et il est presque impossible de trouver autre chose que du riz frit au petit déjeuner (pas de banana pancake !!)

 Et puis le panneau de prévention contre le Tsunami n’est pas en anglais mais en Indonésien (même si on comprend bien qu’il vaut mieux courir vite)

 

Edgar se fait encore une fois interviewer par de jeunes étudiantes indonésiennes toutes heureuses de trouver un touriste anglophone.

 Pour nous fondre dans la foule, nous louons une bouée ce qui permet à Edgar de faire quelques pitreries et acrobaties pour la plus grande joie des enfants.

 Autre grand moment : le banana boat, très populaire ici et auquel nous n’avons pas échappé (ce n’est pas que je courrais tellement après mais ça amuse les enfants et pour 5€ pour nous 4, ça ne valait pas le coup de s’en priver !!) et comme dit Adélie « c’est une expérience unique » (!!).

 Vendredi matin, c’est le grand départ : 3 heures de route dans un mini van chargé de caisses de nourriture pour tout le séjour puisque nous partons avec guide et cuistot (c’est chic non ?).

 Arrivé au petit port de Sumur, qui dégage un indéniable charme malgré les tas d’immondices qui jonchent la plage.

 Ordures parmi lesquelles ces petites filles trouvent de quoi vivre...

Chargement des bagages et provisions dans un petit canot qui nous emmène jusqu’au grand bateau blanc, à notre disposition pendant les 3 jours, avec son capitaine et son mousse…non, y’a pas à dire, les moyens sont là !

Le parc national d’Ujung Kulon est une presqu’île, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, notamment en tant que seul endroit au monde où vit le rhinocéros de Java, espèce en voie d’extinction dont il ne reste qu’une cinquantaine d’individus. Le parc possède également une très belle forêt primaire où vivent de nombreuses espèces d’oiseaux et d’animaux. Ses fonds marins et ses îles qui bordent le parc sont également préservées et font la joie des plongeurs qui viennent ici.

Du fait de son isolement au bout de Java, le parc d’Ujung Kulon est très peu fréquenté, ce qui fait aussi partie de son charme !

Zoom sur l’annexe d’un bateau voisin, taillé d’une pièce  dans un arbre (Edgar précise : monoxyle). C’est surtout que j’aime beaucoup cette photo…

Le bateau se met en route. Nous passons à proximité de nombreuses pêcheries de calamars (j’ai l’impression d’être poursuivie par les calamars tout au long de ce voyage…). Ce sont des structures flottantes, en bambou, équipées de lamparos pour la pêche nocturne, et appelées localement « bagan».

Au bout d’une heure, première escale autour de ce petit îlot, Oar, entouré d’une barrière de corail où nous sommes invités à faire un peu de snorkling.

Certes, pour des questions d’hygiène, j’aurai préféré avoir mon propre masque et surtout tuba, plutôt que ceux sortis des profondeurs de la soute, mais bon,comme on dit, je prends sur moi, m’équipe courageusement et plonge avec Edgar et Adélie, qui, elle, apprécie de plus en plus cette activité.

Après un bon moment passé à l’observation du corail et des poissons, nous allons tous les quatre faire un petit tour à pied sur l’îlot.

Puis retour sur le bateau où la vie à bord s’organise : Edgar en vigie

Adélie révise (quelle enfant studieuse tout de même !) pendant que Calixte somnole en chantonnant

Quant à moi, jamais complètement rassurée sur un bateau, je surveille l’évolution des vagues en m’accrochant…

C’est que ça commence à bien tanguer !

Enfin, nous arrivons sains et saufs à Handeuleum

C’est une petite île, entourée de mangroves où nichent de nombreux crabes.

Nous nous installons dans une sorte de refuge à proximité des logements des Rangers (qui surveillent le parc et accompagnent tous les visiteurs à l’intérieur). Logement simple (pas de douche mais mandi et eau froide) et propre.

Nous partons sans tarder pour une marche à travers la forêt afin de voir le coucher de soleil à l’autre bout de l’île.

Edgar et Anas en pleine discussion

Quelques photos en attendant le coucher du soleil, tout en profitant de cette belle lumière déclinante qui précède….

Je ne vous fais pas les légendes, vous connaissez tout le monde maintenant !

Enfin, voilà le soleil qui se couche

C’est toujours aussi beau…

De retour au logement, entouré de forêt, nous admirons quelques biches et daims qui, n’étant pas chassés, n’ont absolument pas peur de l’Homme.

 Mais tout de même, nous sommes impressionnés par l’audace de ce cerf venu nous faire un petit coucou après notre dîner,

 Et, avec Calixte, c’est carrément, une véritable démonstration d’amour!

 Le lendemain matin, samedi, nous quittons Handeuleum, pour aller faire du canoë à l’intérieur des terres. Nous emmenons pour cela avec nous un ranger et son canoë, derrière le bateau.

 Anas m’explique le programme : nous allons remonter la rivière pendant 2 heures. Celle-ci s’engouffre dans une véritable jungle et est le principal point d’eau de nombreux animaux notamment des crocodiles, des pythons et bien sur des fameux rhinos (très très difficile à voir, notre guide n’en a vu qu’une seule fois en 17 ans).

 Notre gentil Ranger nous accompagne partout avec son coupe-coupe dans le dos (ça rassure !)

 Si l’on veut avoir une chance de voir des animaux, il faut bien sûr faire le moins de bruit possible et regarder attentivement partout...

 La jungle, c’est vert !

Nous progressons lentement sans bruit, toujours pas de bébêtes…

 Mais c’est joli :

 Il y a des traces partout, des pattes de rhinos ou de crocodiles, des petits nids d’oiseaux…

 

 Quand enfin, au dessus de nous : un serpent vert, très vénéneux parait-il, est enroulé autour d’une branche

 Retour en chemin inverse, toujours en pagayant

 Nous remontons sur le bateau où l’équipage nous a installé un joli auvent (on dit un taud chez les marins…)

 Et on lève l’ancre !

 Pendant que le cuisinier s’active en cuisine !

 Repas à bord, poulet et soupe de nouilles à l’indonésienne

 Les enfants adorent le concept…

 Deux heures de bateau

 Avec arrêt ravitaillement en route, chez le poissonnier

 Et nous arrivons vers 14h sur Pulau Peucang, dite aussi « Paradise Island »

 Franchement, on ne comprend pas bien pourquoi !!

 Activité baignade et plongée pour les filles (l’eau est tellement claire, c’est irrésistible)

 Notre chasseur de crabes et/ou Bernard l’hermitte

 Soudain, sortant de l’eau et remontant la plage :

 Un énorme lézard ou varan, marche tranquillement

 Se laissant photographier…

 Les traces qu’il laisse sur la plage sont caractéristiques : on distingue bien les pattes et la queue

Au bord de la plage, un bateau traditionnel en bois avec ses deux balanciers. L’ensemble pour un vrai décor de carte postale !

 

Tiens, un autre varan s’approche

 Il monte faire un petit tour dans le bateau, vérifie qu’il ne reste rien à manger…et ressort!

 Décidément très attirant ce bateau !

 Encore quelques vues de cette superbe île (Edgar trouve que je sélectionne trop de photos de plage mais je n’arrive pas à en supprimer…)

 

Amusant cette branche d’arbre qui frôle le sable et fait une trace à chaque souffle de vent…

 Mais il est temps de rejoindre notre guide pour notre randonnée du soir (deux heures aller retour), au sein de la forêt primaire. Il y a effectivement de gros gros arbres ,

 Et des ficus impressionnants (mais jamais autant que l’imitation du ficus étrangleur par Elise en Calédonie, cf ce chapitre !).

 Nous arrivons à l’extrémité de l’île, au bord d’un à pic rocheux impressionnant

 Adélie au soleil couchant

 La marche de retour se fait dans le noir quasi complet, à la lumière de la torche.

Encore un bon petit repas, de poissons cette fois, concocté par notre sympathique cuisinier et servi sur la plage…c’est chouette quand même !

 Encore une fois, nous avons de la visite…je ne sais pas pourquoi, mais quand j’ai pris cette photo, j’ai pensé que Nicole apprécierait certainement de voir Edgar mangeant à côté d’un sanglier !!

 Le lendemain matin, dimanche, 6h je suis sur la plage, mais pas toute seule puisque des journalistes de Jakarta sont en reportage photos ici.

Nous avons le même objectif : photographier le lever du soleil (sauf qu’ils sont un peu mieux équipés que moi, niveau matériel photo !)

 Mais le résultat est quand même pas mal…

 Dernier petit déjeuner (on est choyé : y’a même de la banana pancake !)

 Avant d’embarquer, toujours accompagné de nos petits Rangers, pour une visite sur une autre partie du parc où l’administration coloniale hollandaise avait fait bâtir un phare (le premier d'Indonésie).

Adélie en pleine forme, se faufile derrière le ranger  (« il n’avance pas assez vite, tu crois que je peux passer devant ? » ma réponse « non »)

Calixte lui est dans un de ses mauvais jours : il râle, ronchonne, ne veut pas avancer, dit qu’il est fatigué, qu’il a mal au ventre, bref : pénible…

Petite photo collégiale devant un ficus-tunnel

Au terme de la ballade, au pied du phare, on se croirait en Bretagne :

Près des restes du phare hollandais, les petits cachots qui servaient de prison pour les pirates…

Mes enfants et moi !

Retour sur le bateau avec la barque en bois,

C’est le ranger qui officie

Et c’est reparti pour une dernière séance de plongée un peu plus loin

Adélie est fin prête

plouf !

Il y a plus de courant que la première fois, alors on s’accroche à une corde qui permet de regagner le bateau facilement…

Là aussi les fonds marins sont superbes et les poissons nombreux et variés

Lorsque nous remontons à bord, ravis de notre plongée, le cuisinier (qui porte la gentillesse sur son visage) est en pleine action :

J’en profite pour enrichir mes connaissances culinaires d’un volet Mie/Nasi Goreng (nouilles/riz frits épicés )

 le mousse faisant une petite vaisselle

Et, voilà, les plats sont dressés !

Il n’y a plus qu’à se servir…

Pendant ce temps là, la bateau fait son chemin car il faut compter 3 heures pour rentrer au port et de là encore 3h pour rejoindre Carita en voiture.

Calixte qui n’est décidément pas en forme, avale quelques bouchées de son plat à contre cœur et vomit l’intégralité un quart d’heure plus tard. Bon, ce n'était pas qu'il était de mauvaise humeur mais qu'il était malade….ambiance !

Pour couronner le tout, le vent et la mer se mettent à forcir se qui rend la fin du voyage en bateau très éprouvante en ce qui me concerne (heureusement Calixte, lui, s’est endormi).

Devant ma mine terrorisée, Anas tente de me rassurer en me disant que le bateau possède un excellent moteur....de bus !! Franchement, je n'y connait rien en moteur mais le mieux n'est-il pas d'avoir un moteur de bateau??? Edgar me confirme que oui...

Finalement le port de Sumur se profile.Nous sommes encore tous en vie et nous prenons congés de notre capitaine.

Nous sommes tous les quatre enchantés de ces trois jours à Ujung Kulon, conscients d’avoir bénéficié d’une excellente organisation  (le guide, le cuisinier, les deux membres d’équipages, des rangers rien que pour nous 4 ...c’est digne de milliardaires !!) et surtout, d’avoir vu un endroit exceptionnel, totalement préservé et quasiment désert (hormis les journalistes et un groupe d’indonésiens croisés le dernier jour, nous n‘avons pas vu d’autres visiteurs).

Une belle expérience qui restera longtemps dans nos mémoires…

Ayant fait sur place la comparaison entre plusieurs guides et agences, nous pouvons recommander Anas, sa prestation présentant le meilleur rapport qualité/prix. 

Ainsi donc, si vous passez par Java, ne manquez pas cette excursion au parc d'Ujung Kulon !

Mail personnel d'Anas : anas.suryana@yahoo.com et son site présentant ses différentes prestations :site web Anas

Après une journée à Carita, nous comptons partir pour Bogor mardi 21 juin afin de visiter les alentours avant de revenir sur Jakarta pour notre avion du 25 juin (destination la Malaisie et plus précisément, Bornéo)